Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/191

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sait pas assez lui-même pour sentir que les rapports constants qu’il avait eus avec sir Wycherly depuis la mort de son frère, avaient suffi pour faire apprécier au vieux baronnet le véritable caractère de son prétendu neveu, et lui inspirer un dégoût qui était resté endormi jusqu’au moment où la nécessité d’agir l’avait éveillé ; et il savait encore bien moins combien l’approche de la mort purifie et perfectionne la vue morale du présent et de l’avenir. Quoique quelques signes d’un grand mécontentement lui eussent échappé, il fit tous ses efforts pour conserver un extérieur calme, attendant prudemment que quelque circonstance lui fournît des moyens pour faire annuler le testament projetée ou, ce qui vaudrait encore mieux, pour en empêcher l’exécution.

Dès que les préparatifs nécessaires furent terminés, Atwood, tenant en main une plume bien taillée, son papier devant lui, et un encrier à côté, était prêt à écrire : un silence complet régnait dans la chambre et sir Gervais reprit la parole,

— Sir Wycherly, dit-il, Atwood va vous lire le préambule du testament qu’il a déjà préparé. Si vous le trouvez convenable, vous voudrez bien nous en informer par un signe de tête. — Si vous êtes prêt, vous pouvez commencer ; eh ! Atwood ?

Le secrétaire méthodique prit en main son papier, et lut ce qui suit : « Au nom de Dieu, amen ! — Moi Wycherly Wychecombe, baronnet de Wychecombe-Hall, comté de Devon, sain d’esprit, mais d’une faible santé de corps, et ayant devant les yeux la vue de la mort ; révoquant tous autres testaments, codicilles et actes de dernière volonté, je déclare faire et je fais le présent comme mon testament et acte de dernière volonté ainsi qu’il suit : Premièrement, je nomme et constitue pour exécuteur testamentaire… et je l’investis de tous les pouvoirs et de toute l’autorité que la loi permet de donner. Secondement, je donne et lègue à… » C’est tout ce que j’ai écrit jusqu’à présent, sir Gervais, j’ai laissé les blancs nécessaires pour les noms de l’exécuteur, et même pour ajouter deux s si le testateur juge à propos d’en nommer plus d’un.

— Vous voyez, sir Reginald, dit le vice-amiral, non sans quelques signes de satisfaction ; voilà comme nous rédigeons de pareils actes à bord d’un bâtiment de guerre. — Il faut que le secrétaire d’un amiral sache mettre la main à tout, sauf à l’administration de la cure des âmes, monsieur Rotherham.

— Et vous me permettrez d’ajouter, sir Gervais, de la cure des corps, dit Magrath en prenant une énorme prise de tabac.

— Je voudrais bien voir, dit Galleygo à l’oreille de mistress Lar-