Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/201

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moment de réflexion, qu’il était content de ce qui avait été fait.

— Comme il est possible, sir Wycherly, dit le vice-amiral, qu’après le paiement de tous les legs, il reste encore quelque chose, ne jugerez-vous pas à propos, pour éviter qu’aucune partie de vos biens ne retourne à la couronne à titre de déshérence, de nommer un légataire pour le surplus ?

Le pauvre vieillard sourit, en donnant son assentiment à cette proposition, et murmura le nom de sir Reginald Wychecombe.

Cette dernière disposition fut écrite, lue et approuvée comme toutes les autres. On rédigea ensuite la clôture du testament suivant la forme d’usage, et l’on se prépara le lire en entier au testateur. Afin de ne laisser aucune prise à des objections contre ce qui venait de se passer, les deux amiraux et M. Atwood, qui devaient signer le testament comme témoins, le lurent d’abord, chacun séparément, afin d’être sûrs qu’on ne tirait au testateur que ce qu’il contenait, sans en retrancher ni y ajouter un seul mot. Quand cette formalité eut été remplie, le secrétaire lut lentement et à haute voix la totalité du testament, depuis le commencement jusqu’à la fin, à sir Wycherly. Le vieillard écouta cette lecture avec beaucoup d’attention ; il sourit quand on prononça le nom de Mildred, et quand elle fut terminée, il en exprima sa satisfaction par signes, et ajouta de vive voix : – C’est ma volonté. – Il ne restait qu’à lui mettre une plume à la main, et à l’aider à prendre une attitude qui lui permît d’apposer deux fois sa signature, d’abord au testament et ensuite au codicille. Mais Tom Wychecombe pensa alors que le moment d’intervenir était arrivé. Il avait été sur des épines pendant que tout ce qui vient d’être décrit se passait, et il avait pris la résolution désespérée de se servir du faux audacieux qu’il avait commis pour prouver sa légitimité, et s’approprier ainsi le domaine, comme appelé à recueillir la substitution. Mais il savait aussi qu’une question importante pouvait s’élever pour décider lequel des deux testaments devait être regardé comme valide, et si le testateur était dans une situation d’esprit qui lui permît de tester quand il avait fait le second. Sous ce dernier point de vue, il lui parut donc important de faire une protestation.

— Messieurs, dit-il en s’avançant au pied du lit, je vous prie tous de faire attention à la nature de cette affaire. Mon pauvre et cher oncle a été frappé hier soir d’une attaque d’apoplexie qui l’a privé de son jugement ordinaire, et voilà qu’on le presse de faire un testament qui…

— Qui l’en a pressé, Monsieur ? demanda sir Gervais avec un ton de sévérité qui fit reculer Tom d’un pas.