Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déjà, et de les appuyer du peu de raisonnement que les faits admettaient.

— Sir Reginald Wychecombe, dit-il d’un ton grave, et avec toute l’indifférence qu’il put affecter, vous avez paru bien facilement ajouter foi à cette histoire américaine, ce qui m’a surpris dans un homme qui a une si haute réputation de prudence et de sagacité. Cette soudaine résurrection d’un mort peut plaire aux oreilles des amateurs du merveilleux, mais elle ne séduirait pas si aisément un jury de douze hommes sensés, ayant prêté serment de prononcer leur verdict en leur âme et conscience. Au surplus, en admettant pour un instant la vérité de tout ce qui vient de nous être dit, vous ne pouvez nier que feu sir Wycherly n’eût le droit de faire un testament, n’eût-il eu à léguer que ses vieux souliers ; et ayant ce droit, il avait nécessairement celui de nommer un exécuteur testamentaire. Or, Monsieur, je suis cet exécuteur, et, en cette qualité, je demande qu’on me laisse exercer mes fonctions dans cette maison, comme en étant du moins le maître temporaire.

— Pas si vite, jeune homme, pas si vite. Un testament doit être rendu exécutoire et l’exécuteur reconnu, avant que le premier soit valide et que le second puisse exercer ses fonctions. D’une autre part, feu sir Wycherly n’a pu donner d’autorité à personne sur ce qui ne lui appartenait pas. Du moment qu’il a cessé de respirer, le petit-fils de son frère Grégoire est devenu propriétaire à vie de ce domaine et de cette maison qui en fait partie, et je lui conseille d’user de ses droits, et de se fier à leur validité pour se justifier aux yeux de la loi s’il en était besoin. En de pareilles affaires, celui qui a raison ne risque rien et celui qui a tort doit s’attendre aux conséquences de son imprudence. — Monsieur Furlong, vos fonctions comme intendant de ce domaine ont cessé avec la vie de celui qui en était encore propriétaire il n’y a que quelques heures. Si vous avez en main des clefs ou papiers appartenant au défunt, je vous conseille de les remettre à ce jeune officier, qui est incontestablement et légitimement sir Wycherly Wychecombe.

Furlong était un homme circonspect, plein d’honneur, connaissant les affaires ; et malgré le désir secret qu’il avait de voir Tom trompé dans ses espérances, il tenait à s’acquitter de son devoir. Il prit donc sir Reginald à part, lui fit différentes questions sur la nature des preuves qui lui avaient été soumises, et étant enfin convaincu de la légitimité des droits du jeune lieutenant, il déclara qu’il était prêt à faire ce qui lui était demandé.

— J’étais certainement dépositaire des clefs de ce secrétaire et