Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/218

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— Puis-je savoir, Monsieur, quel est votre bon plaisir ? demanda sir Gervais. Pourquoi diable vous trouvez-vous ici sur mes talons ?

— Votre Honneur doit savoir que les grands bâtiments remorquent toujours les petits, répondit Galleygo, souriant en homme qui a bonne opinion de lui-même. Quoi qu’il en soit, je ne me présente jamais sans avoir un message, comme tout le monde le sait. Vous voyez, sir Gervais, vous voyez, amiral Bleu, que notre officier chargé des signaux est arrivé à terre pour nous faire un rapport, et comme il m’a rencontré dans le vestibule, il me l’a fait d’abord, pour que je vous en instruise. Sa nouvelle est que le comte français a mis en mer, comme je viens de vous le dire.

— Est-il possible que Bunting m’apporte cette nouvelle ! Galleygo, allez prier M. Bunting de monter ici, et ayez soin de vous comporter décemment dans une maison dont le maître vient de mourir.

— Oui, oui, amiral. Ne craignez rien, Messieurs, je puis prendre une figure aussi lugubre que le plus affligé de tous. S’ils veulent voir un chagrin dans toutes les règles, qu’ils étudient ma conduite et ma physionomie. Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous avons vu des morts, Messieurs, tout le monde le sait. Quand nous combattîmes M. Gravelin, nous eûmes quarante-sept hommes de tués sans compter les blessés qui survécurent à leurs blessures pour avoir le plaisir d’en parler ; et quand nous…

— Allez au diable, maître Galleygo, et priez M. Bunting de monter ici sur-le-champ, s’écria sir Gervais avec impatience.

— Oui, oui, amiral. — Par où commencerai-je. Votre Honneur ?

— Par m’envoyer Bunting, répondit le vice-amiral, ne pouvant réprimer une envie de rire, et ne manquez pas ensuite d’exécuter mon second ordre.

— Fort bien, murmura Galleygo en descendant l’escalier ; et si je le prenais au mot, que ferait-il de notre escadre ? Il faut des ordres aux bâtiments pour qu’ils se rangent en ligne de bataille ; il faut de la nourriture aux commandants pour qu’ils puissent donner des ordres ; il faut des maîtres-d’hôtel pour placer la nourriture sur la table et les maîtres-d’hôtel n’ont pas besoin de diables pour les aider à faire leur devoir. J’attendrai donc, pour rendre cette visite, que nous la fassions de conserve, comme cela convient à des hommes qui ont si longtemps fait voile ensemble.

— Ce sera une grande nouvelle, Dick, si Vervillin a réellement pris le large, s’écria sir Gervais en se frottant les mains de plaisir. Du diable si j’attends des ordres de Londres nous mettrons à la voile dès que le vent et la marée le permettront. Que les ministres arran-