Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/223

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— Qu’il aille au diable ! – Ne croyez-vous pas que je ferai bien de mettre à la voile sans attendre des dépêches de Londres ?

— C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. — Les ordres que vous recevrez peuvent vous envoyer sur les côtes d’Écosse pour faire face à Charles-Édouard. – Le gouvernement peut aussi vous créer duc et moi baron, pour s’assurer de notre fidélité.

— Les bélîtres ! — Mais n’en parlons plus à présent. Si M. de Vervillin fait route à l’ouest, il est difficile qu’il ait pour but Édimbourg et ce qui se passe dans le Nord.

— Cela n’est pas si certain. Les vrais poétiques ont coutume de regarder d’un côté et de gouverner de l’autre.

— Je crois que son but est de faire une diversion, et mon désir est de lui en donner au-delà de ses souhaits. Aussi longtemps que cette escadre sera retenue près de l’entrée de la Manche, elle ne peut faire aucun mal dans le Nord, et en outre elle laissera libre la route de la Hollande.

— Quant à moi, je crois que c’est grand dommage, si ce n’est une honte, que l’Angleterre ne puisse vider ses querelles intérieures sans appeler l’aide des Français où des Allemands.

— Il faut prendre le monde comme il est, Dick, et agir comme deux francs marins. — Je suppose que, malgré votre engouement, pour les Stuarts, vous êtes disposé à m’aider à frotter ce M. de Vervillin ?

— Sans le moindre doute. Rien que la conviction qu’il est directement employé au service de mon souverain naturel et légitime, ne pourrait me déterminer à lui être favorable. — Cependant, Oakes, il est-possible qu’il ait à bord des renforts pour le prince Charles-Édouard, et qu’il se rende en Écosse par le canal Saint-George.

— Oui, de jolis renforts en vérité pour que l’estomac d’un Anglais les digère ! Des mousquetaires, les régiments de Croy ou de Dillon, ou de quelque autre infernal nom français ; et peut-être de beaux mousquets du bois de Vincennes, ou de quelque autre nid d’inventions diaboliques gauloises pour détruire le juste ascendant de la vieille Angleterre. — Non, non, Dick Bluewater, votre excellente mère, dont le cœur était loyal et véritablement anglais, ne vous a pas donné le jour pour être la dupe de la perfidie et des tours d’un Bourbon. — Je suis sûr que le cœur lui tournait au nom seul de Louis.

— Je ne répondrais pas de cela, sir Gervais ; car elle passa quelque temps à la cour du grand monarque. — Mais tout cela ne signifie rien ; nous connaissons réciproquement nos opinions, et nous avons vécu assez longtemps ensemble pour connaître aussi notre caractère.