Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/248

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— De pareils hommes peuvent-ils manquer dans un moment comme celui-ci ?

— Je crois que nous sommes sûrs de la plus grande partie de la haute noblesse, quoique les grands risques qu’elle a à courir puissent la rendre d’abord un peu circonspecte. Mais c’est parmi les hommes des professions libérales, les braves soldats, les intrépides et ardents marins, que nous devons trouver les premières démonstrations de vrai patriotisme et de loyauté. Pour vous parler franchement, Monsieur, je suis las d’être gouverné par un Allemand.

— Savez-vous s’il y a quelque intention de faire des recrues dans cette partie de l’Angleterre, sir Reginald ? Si cela est, vous n’avez qu’un mot à dire. Indiquez-moi l’endroit où l’étendard sera déployé, et je m’y rallierai aussitôt que les circonstances me le permettront.

— C’est précisément ce que j’attendais de vous, Bluewater, répondit le baronnet plus charmé qu’il ne jugea prudent de le montrer, quoique ce ne soit pas précisément de cette manière que vous pouvez nous être le plus utile. Séparés du Nord, comme nous le sommes dans cette partie de l’Angleterre, par toutes les ressources du gouvernement actuel, ce serait le comble de l’imprudence de montrer nos mains avant d’être prêts à jouer nos cartes. Des agents confidentiels actifs travaillent l’armée ; Londres ne manque pas d’hommes adroits qui s’occupent de notre affaire, et il s’en trouve dans les comtés qui font de leur mieux pour mettre les choses en état d’arriver heureusement à la fin que nous désirons tous. J’ai parcouru tous ces environs avec quelques amis pour préparer les voies à une insurrection future, et je me disposais à venir sur ce domaine, pour voir si mon nom pourrait avoir quelque influence sur les habitants, quand feu sir Wycherly m’appela près de son lit de mort. Savez-vous quelles sont les opinions politiques du jeune homme qui se trouve à présent le nouveau chef de ma famille, — le lieutenant de vaisseau, — le baronnet actuel ?

— Pas précisément, mais je doute qu’elles soient favorables à la maison de Stuart.

— C’est ce que je craignais. – J’ai reçu ce matin une lettre anonyme que je crois venir de son compétiteur, et qui me donne à entendre assez clairement que, si je veux admettre et faire valoir ce qu’il appelle ses droits, tous les habitants du domaine de Wychecombe-Hall et du voisinage immédiat se déclareront dans la lutte qui va avoir lieu pour le parti que je désirerai.

— C’est un coup hardi et décidé. — Puis-je vous demander quelle a été votre réponse ?