Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/256

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nald qui avait donné la plus vive attention à toute cette scène.

— Cela signifie, Monsieur, que toute ma division est encore sous mes ordres. Nul autre bâtiment que le Douvres n’aurait répondu à mes signaux. Tous ceux de la première division ne doivent recevoir leurs ordres que du vice-amiral, à moins qu’ils ne soient spécialement désignés par leur numéro. Lord Geoffrey Cleveland, ma barge est-elle arrivée ?

— Oui, amiral ; ainsi qu’un canot pour M. Cornet et les deux aides-timonniers.

— Fort bien. – Messieurs, nous allons nous rendre à bord. Il faut que le César appareille pour rejoindre les autres bâtiments au large. Je vous suivrai jusqu’à l’embarcadère ; mais vous partirez à l’instant, et vous ordonnerez de ma part au capitaine Stowel d’appareiller sur-le-champ en abattant sur bâbord. Nous prendrons ensuite tribord amures, et nous gagnerons le large.

Tous ceux à qui cet ordre s’adressait se hâtèrent de descendre du promontoire pour l’exécuter, laissant Bluewater et le baronnet les suivre plus à loisir. C’était un moment critique pour sir Reginald, qui avait été si près d’arriver à son but, qu’il aurait éprouvé un double désappointement s’il avait tout à fait échoué dans son projet. Il résolut donc de ne pas quitter l’amiral tant qu’il aurait quelque espoir de succès, et l’accompagnant vers le rivage, ils marchèrent en profond silence pendant une ou deux minutes.

— Vous avez une grande partie entre les mains, amiral Bluewater, dit enfin le baronnet et si elle est bien jouée, elle peut assurer le triomphe de la bonne cause. Je crois pouvoir dire que je connais le but de Vervillin, et que, si son projet réussit, il replacera les Stuarts sur le trône de leurs ancêtres. Un homme qui leur est dévoué doit y réfléchir sérieusement avant de rien faire qui puisse empêcher un si grand résultat.

Ce discours était aussi hardi qu’artificieux. En point de fait, sir Reginald ne savait pas plus que son compagnon ce que M. de Vervillin se proposait de faire ; mais il n’hésita pas à affirmer qu’il le savait, afin de s’assurer un grand avantage politique dans un moment si important. Obtenir que Bluewater et ses capitaines se déclarassent ouvertement en faveur des Stuarts, ce serait déjà remporter une grande victoire ; et rendre infructueux les plans de sir Gervais pour la maison de Hanovre en serait une autre ; D’ailleurs toutes les probabilités étaient que l’amiral français ne s’était pas mis en mer pour rien, et que ses opérations avaient pour but de faciliter celles du jeune prince. Le baronnet, quelle que fût sa droiture en toute autre