Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/261

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Cette besogne terminée, un coup de sifflet donna le signal, et cette barge, construite pour porter au besoin une vingtaine d’hommes, fut soulevée du milieu des ondes écumantes, et hissée sur le pont comme par quelque effort gigantesque du vaisseau.

— Nous ne nous y prenons pas trop tôt, amiral dit le capitaine Stowel dès qu’il eut reçu l’amiral avec l’étiquette ordinaire. Il y a déjà du vent de quoi emplir un chapeau, et il promet d’augmenter encore pendant la nuit. L’ancre est déjà caponnée et traversée, et l’on s’occupe en ce moment à passer le serre-bosse.

— Faites route, capitaine, et gouvernez près en plein. Quand nous serons à une lieue en mer, faites-le moi savoir. — Monsieur Cornet, j’ai besoin de vous dans ma chambre.

En parlant ainsi, Bluewater descendit dans sa chambre suivi du lieutenant chargé des signaux. Au même instant, le premier lieutenant fit commandement de se ranger, sur les bras de l’arrière pour éventer les voiles de l’arrière. Dès que cet ordre eut été exécuté, le César se mit lentement en route, mais avec une sorte de majesté qui semblait ne pas s’inquiéter du désordre des éléments.

Bluewater parcourut cinq ou six fois toute la longueur de sa chambre ; la tête penchée, dans une attitude pensive, sans faire attention à aucun objet extérieur.

— Avez-vous besoin de ma présence, amiral Bluewater ? lui demanda le lieutenant.

— Pardon, monsieur Cornet ; j’avais réellement oublié que vous étiez dans ma chambre. — Voyons ! — Oui, notre dernier signal était : « Que la division vienne à portée d’être hélée par le contre-amiral. » — Il faut cette nuit qu’ils tiennent très-près pour cela, car le vent et la mer commencent à chanter tout de bon.

— Et cependant, amiral, je gagerais un mois de ma paye que le capitaine Drinkwater amènera le Douvres assez près du César pour donner un accès de fièvre chaude à l’officier qui se trouvera de quart et à celui qui sera au gouvernail. Nous lui fîmes une fois ce signal pendant un ouragan, et son bâton de foc passa au-dessus de notre couronnement.

— Le capitaine Drinkwater est certainement un homme qui exécute très à la lettre les ordres qu’il reçoit, mais il sait parfaitement gouverner son vaisseau. — Voyez le numéro du signal : « Suivez les mouvements du contre-amiral. » — C’est 211, je crois.

— Pardon, amiral, c’est 212. Bleu, rouge et blanc, avec les pavillons. Avec les fanaux, c’est un de nos signaux les plus simples.

— Nous le ferons sur-le-champ ; ensuite vous ferez le signal