Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/270

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zèle et de bonne volonté. Depuis ce temps, nous avons changé de place, bout pour bout, comme on pourrait dire, et je tâche de vous servir en votre propre monnaie. Il n’y a personne aux ordres de qui j’obéisse plus volontiers et avec plus d’avantage, exceptant, comme de raison, ceux du vice-amiral Oakes, qui, étant commandant en chef, a toujours le grappin sur nous tous. Nous devons obéir à ses signaux, quoique nous puissions soutenir, sans commettre un acte de mutinerie, que, sous toutes les allures, le César vaut bien le Plantagenet dans ses plus beaux jours.

— Il n’y a nul doute à cela. Je vois, Stowel, que vous avez tous les principes d’un bon marin. L’obéissance aux ordres avant tout. Je serais curieux de savoir ce que pensent nos capitaines, en général, des droits que le Prétendant affiche au trône d’Angleterre.

— Sur mon âme, je ne saurais vous le dire, mais je crois que c’est le cadet des soucis de la plupart d’entre eux. Quand le vent est favorable, nous pouvons prendre le large ; quand il est contraire, il faut bien bouliner, n’importe qui règne. J’étais midshipman sous la reine Anne, qui était, je crois, de la famille Stuart ; depuis ce temps j’ai toujours servi sous la famille de Hanovre, et pour vous parler franchement, amiral Bluewater, je ne vois guère de différence ni dans le service, ni dans la paye, ni dans les rations. Ma maxime est d’obéir aux ordres, et alors je sais que le blâme en retombera sur ceux qui les ont donnés, si quelque chose va de travers.

— Nous avons beaucoup d’Écossais dans la flotte, dit le contre-amiral d’un air abstrait, en homme qui pense tout haut, sans songer qu’il parte à un autre. Plusieurs de nos capitaines sont nés au nord de la Tweed.

— Oh ! sans doute, on est presque sûr de trouver dans toutes les situations de la vie sociale des hommes venant de cette partie de notre île. Je n’ai jamais entendu dire que l’Écosse eut une fameuse marine dans les anciens temps, et pourtant, du moment que la vieille Angleterre leur a offert une paye, les lairds ont été tout disposés à envoyer leurs enfants sur mer.

— Il faut pourtant convenir, Stowel, que ce sont des officiers braves et utiles.

— Sans contredit ; mais les hommes braves et utiles ne sont rares nulle part. Vous et moi, amiral Bluewater, nous sommes trop âgés et nous avons trop d’expérience pour ajouter quelque foi à l’idée que le courage et l’envie de se rendre utile appartiennent à une partie particulière du monde. Quant à moi, je n’ai jamais combattu un bâtiment français sans y trouver de la bravoure, et, suivant mon avis,