Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/293

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— Nord-ouest-quart de nord, sir Gervais. – Pardon, je me trompe, c’est nord-nord-ouest.

— Oui, fatiguant péniblement comme nous au plus près du vent. Le vent vient en droite ligne de l’Atlantique, et Vervillin et moi nous traversons le détroit en nous dirigeant, l’un vers la côte septentrionale, et l’autre vers la côte méridionale. Il faut que nous nous rencontrions, à moins que l’un ne prenne la fuite. — Eh ! Greenly ?

— Cela est assez vrai, sir Gervais ; mais quatorze bâtiments contre sept ne rendent pas tout à fait les forces égales.

— Vous oubliez le Driver et l’Actif, Monsieur. Nous avons neuf bâtiments, — neuf bons et solides croiseurs anglais.

— Savoir : six vaisseaux de ligne, une frégate, un sloop et un cutter, ajouta Greenly en appuyant sur les noms de ces deux dernières classes de bâtiments.

— Regardez, Bunting. — Que dit maintenant la Chloé ? – que nous sommes en état de faire tête aux Français, quoiqu’ils soient deux contre un ?

— Pas tout à fait cela, sir Gervais. Elle dit : — Cinq voiles de plus en avant ! Leur nombre s’accroît rapidement, Messieurs.

— Et si cela continue, ils peuvent véritablement devenir trop forts pour nous, dit sir Gervais d’un ton plus calme ; dix-neuf contre neuf ne rendent pas la partie égale. Je voudrais que Bluewater fût avec nous.

— C’est ce que j’allais dire, sir Gervais, dit le capitaine : si nous avions avec nous la seconde division, nous serions en meilleure attitude ; car il est probable que quelques-uns des bâtiments français sont des frégates et des corvettes. L’amiral Bluewater ne peut être bien loin de nous ; il doit être ici quelque part au nord-est ou au nord-ouest ; et si nous virions vent arrière, je crois que nous apercevrions sa division d’ici à une couple d’heures.

— Quoi ! et laisser à M. de Vervillin, l’avantage de pouvoir jurer que la peur nous a fait fuir devant lui ? Non, Greenly, non ; nous passerons bravement devant lui, et cela à portée de canon, et ensuite nous aurons tout le temps de virer de bord et de chercher nos amis.

— Ne sera-ce pas mettre les Français exactement entre nos deux divisions, et leur donner l’avantage de diviser nos forces ? Pour peu qu’ils fassent route au nord-nord-ouest, je crois qu’ils ne peuvent manquer de se placer entre nous et l’amiral Bluewater.

— Et qu’y gagneront-ils, Greenly ? Quel grand avantage auront-ils, suivant vous, à se trouver entre deux escadres anglaises ?

— L’avantage serait certainement assez mince, sir Gervais, si ces