Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/311

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dirent promptement au signal, chacun d’eux laissant porter successivement des qu’il se trouvait dans les eaux de son matelot de l’avant, afin de se bien maintenir en ligne, et tous obéissant à la lettre à un ordre qui était très-facile à exécuter. Indépendamment de la perspective qu’il donnait d’un engagement éloigné, il produisit l’effet de redresser la ligne avec une précision presque mathématique.

— Désirez-vous, sir Gervais, demanda le capitaine, que nous cherchions à ouvrir les sabords sous le vent de notre batterie basse ? À moins que nous n’essayions quelque chose de semblable, nous n’aurons à compter sur rien de mieux que nos canons de dix-huit, si M. de Vervillin juge à propos de commencer l’action.

— Et en sera-t-il mieux pour cela ? — Ce serait presque une démence de vouloir faire servir nos canons de la batterie basse par un pareil temps. Non, non ; nous tiendrons tout bien fermé. Si les Français ouvrent le jeu, nous aurons l’avantage d’être au vent, et la perte de quelques haubans au vent peut abattre le meilleur vent de leur escadre.

Greenly ne répondit rien, quoiqu’il sût fort bien que la perte d’un des mâts les plus importants du Plantagenet entraînerait presque certainement celle du vaisseau. Mais c’était le côté faible de sir Gervais, comme commandant en chef, et le capitaine n’ignorait pas qu’il serait inutile de chercher à lui persuader de laisser passer un seul de ses bâtiments plus près de l’ennemi que le Plantagenet. Il appelait cela couvrir les vaisseaux quoique ce ne fut que les mettre tous dans le danger qui était inévitable pour un ou deux.

Le comte de Vervillin parut ne savoir comment expliquer cette manœuvre subite et extraordinaire dans l’avant-garde de ses ennemis. Il fit des signaux et tous ses équipages garnirent leurs canons. Mais il n’était pas facile à des vaisseaux qui s’efforçaient de se tenir au vent de faire des changements considérables dans leur position relative, par une brise si violente. Cependant la vitesse qu’avaient acquise les vaisseaux anglais menaçait d’une collision prochaine si tel était le but de leur amiral, et il était temps qu’il prît ses mesures pour être prêt, le cas arrivant.

De l’autre côté, tout était tranquille presque comme la mort à bord des bâtiments anglais. Leurs équipages étaient déjà à leur poste, et c’est toujours un moment de profond silence sur un vaisseau de guerre. Les sabords de la batterie basse étant fermés, les hommes qui s’y trouvaient stationnés étaient comme ensevelis dans l’obscurité, tandis que ceux qui étaient sur la batterie haute étaient aussi en partie cachés par les demi-sabords. Dans le fait, les hommes