Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/313

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— Oui, sir Gervais ; — le dernier ordre est d’imiter les manœuvres, avec ou sans signal, — comme on pourrait dire.

— Préparez les signaux de resserrer la ligne, d’être aussi près les uns des autres qu’on le peut sans danger, et de porter les mêmes voiles que le vaisseau-amiral.

— Oui ; amiral ; ils seront prêts à être hissés avant cinq minutes.

Le commandant en chef parut satisfait, un sourire se montra sur ses lèvres, et son air d’agitation revint en partie. Il jeta un coup d’œil sur Greenly pour voir s’il soupçonnait ses projets, et reprit ensuite son calme extérieur. Pendant ce temps, les signaux furent faits, et tous les bâtiments y répondirent. On fit rapport à l’amiral de leurs réponses, et jetant alors les yeux en arrière le long de sa ligne, il vit que ses vaisseaux commençaient déjà à brasser au vent et à mollir leurs écoutes, afin de diminuer les intervalles qui les séparaient, les uns des autres. Dès qu’on vit le Carnatique se ranger dans les eaux de son chef de file, le capitaine Greenly reçut l’ordre de faire brasser carré, de mollir les écoutes de toutes ses voiles d’étai, et de laisser arriver suffisamment pour faire porter toutes ses voiles. Ces ordres causèrent quelque surprise, mais ils furent sur-le-champ exécutés.

Le moment de la rencontre était enfin venu. Par suite de l’arrivée qui avait eu lieu, le Plantagenet se trouvait à environ trois quarts de mille au vent du Téméraire, et par son bossoir ; il avançait rapidement, et menaçait ce vaisseau d’un feu à demi transversal. Pour prévenir cette manœuvre, le bâtiment français laissa porter un peu, se procurant ainsi un sillage plus rapide et plus facile en fendant l’eau ; et présentant le travers plus complètement au choc. Cette évolution fut imitée, peut-être un peu prématurément, par les deux bâtiments qui le suivaient ; mais l’amiral français, qui était à bord de Téméraire, ne voulant pas s’écarter de son ennemi, continua sa route au plus près. Les bâtiments en arrière suivirent l’exemple de leur commandant. Ce changement causa quelque désordre dans l’avant-garde de la ligne française, et menaça d’en causer davantage, à moins qu’on ne changeât de route d’un côté ou de l’autre. Mais le temps pressait, et les deux escadres s’approchèrent assez rapidement pour qu’on eut à penser à autre chose.

— Voyez-vous cette belle besogne, Greenly ? dit sir Gervais en souriant. Un commandant en chef faisant tête avec ses voiles bien boulinées, et les trois ou quatre vaisseaux qui le précédent en ligne laissant porter grand largue ! Si nous pouvons forcer le comte à arriver de deux quarts en passant près de lui, tout le reste de la ligne française imitera sa manœuvre, et le, Warspite et le Blenheim et le Fou-