Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/338

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— Oui ; ce Tom Blewet est réellement effrayant pour les mâts et les vergues. Je n’étais jamais sûr de les trouver tous à leur place en me levant le matin, quand il était votre lieutenant, Greenly. Combien de bâtons de foc et de vergues de perroquet nous a-t-il coûté pendant notre croisière à la hauteur du cap de Bonne-Espérance ? de par Saint-George, une douzaine tout au moins !

— Pas tout à fait autant, amiral. Il est pourtant vrai qu’il m’a coûté deux bâtons de foc et trois vergues de perroquet. Le capitaine Blewet a un bâtiment fin voilier, et veut que tout le monde le sache.

— Et il verra que je sais qu’il a été cause que son mât de misaine a été craqué. — Bunting, faites signal au Druide de mettre en panne près de la prise, et quand il y aura répondu, faites-lui celui de veiller sur elle et d’attendre des ordres ultérieurs. Je l’enverrai à Plymouth pour y prendre un nouveau mât de misaine et y escorter la prise. — À propos, quelqu’un sait-il le nom de ce bâtiment ? – Eh, Greenly ?

— Je ne saurais vous le dire, sir Gervais ; mais quelques-uns de nos officiers pensent que ce vaisseau était le second en avant de l’amiral français, lors de notre escarmouche à la hauteur du cap Finistère. Cependant je ne suis pas de cette opinion, car le vaisseau en question n’avait pas pour figure, comme celui-ci, une femme qui ressemble un peu, je crois à une Minerve ? — Les Français n’ont-ils pas une Minerve ?

— Pas à présent, Greenly ; car si la prise est la Minerve, elle est à nous maintenant, dit sir Gervais en riant lui-même de cette plaisanterie, ce qui, comme de raison fut imité par ses deux compagnons. — Mais la Minerve a toujours été une frégate. La déesse de la sagesse n’a jamais été assez sotte pour se ranger en ligne de bataille quand elle pouvait s’en dispenser.

— Nous avons pris la figure de la prise pour une Vénus, quand le Druide a passé devant elle, dit Wycherly.

— Il y a une manière de le savoir, et il faut l’essayer. — Bunting, quand vous aurez fini avec le Druide, faites signal à la prise de nous donner son nom télégraphiquement. — Je suppose que vous savez comment faire le numéro d’une prise, quand elle n’en a aucun ?

— J’avoue que je l’ignore, amiral, répondit Bunting, dont la physionomie annonçait qu’il se trouvait dans l’embarras. N’ayant pas de numéro sur nos livres de signaux, on ne saurait comment lui faire savoir que c’est à elle que le signal s’adresse.

— Comment vous y prendriez-vous, jeune homme ? demanda à Wycherly le vice-amiral, qui, pendant tout ce temps, était appuyé