Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE XXV.


La mer est ravissante de beautés. Ses flots sont plus azurés que le firmament ; et quoique une lumière glorieuse descende du ciel, les perles des ondes brillent d’un éclat plus doux. Les teintes de l’arc-en-ciel, réfléchies par ses eaux, en deviennent plus aimables ; et les rayons du soleil et de la lune, en se peignant sur son miroir, ont un brillant plus calme. Oui, la mer est ravissante de beautés.
Brainard



Daly étant reconnu comme le bouffon de la flotte, sa tentative extraordinaire pour faire connaître le nom de la prise passa pour une plaisanterie caractéristique, et servit à faire rire jusqu’à ce qu’on en trouvât quelque meilleur sujet. Cependant, dans la situation se trouvaient les deux flottes, on l’oublia bientôt momentanément pour songer à des objets plus graves, car presque personne ne croyait que la collision qui venait d’avoir lieu pût suffire pour satisfaire un homme du caractère bien connu du commandant en chef. Comme la jonction de la seconde division de la flotte était tout ce qui manquait pour décider un engagement général, on plaça sur chaque vaisseau des vigies pour surveiller constamment l’horizon avec des longues-vues, surtout à l’est et au nord-est. Le vent perdit quelque chose de sa violence un peu avant midi, mais il était encore vif et venait toujours du même côté. La mer commençait pourtant à se calmer, et quand on piqua huit coups, c’est-à-dire à midi, il était survenu dans la situation des deux escadres des changements importants, dont il peut être à propos de mentionner quelques-uns.

L’Éclair, vaisseau amiral français, et le Scipion avaient été reçus en quelque sorte entre les bras de leur escadre, comme nous l’avons déjà dit ; et à compter de ce moment, la marche de toute l’escadre se régla jusqu’à un certain point sur celle de ces deux bâtiments presque désemparés. Le premier, à l’aide de ses voiles basses, aurait pu continuer à maintenir sa place dans la ligne tant que le vent conserva toute sa force, mais le second diminua nécessairement de vitesse, ce qui força les autres à ralentir leur marche, ou à l’abandonner à son destin. M. de Vervillin préféra ce dernier parti. Il en résulta que, lorsque le soleil fut au zénith, sa ligne, encore étendue et bien loin d’être régulière, était à trois bonnes lieues sous le vent