Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/58

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de sa longueur hors de la ligne mathématique, quoique la marée soit aussi rapide ici qu’un cheval de course.

— Cela est dû à vos capitaines ; sir Gervais, répondit Bluewater avec cet air de respect qu’un officier de marine conserve toujours avec son supérieur quand il est de service, quelle que puisse être son intimité en toute autre occasion. — Le bon capitaine fait le bon bâtiment. Les nôtres ont servi si longtemps ensemble, qu’ils savent quels seront leurs mouvements respectifs, et chaque bâtiment de l’escadre a sa réputation à conserver, aussi bien que l’officier qui le commande.

— Rien n’est plus vrai, Bluewater, et cependant il n’y a pas au service de sa Majesté un autre officier qui aurait pu mettre une escadre à l’ancre en si bon ordre par un pareil brouillard ; et je vous demande la permission de vous remercier de la leçon que vous avez donnée, non-seulement aux capitaines, mais au commandant en chef. Je présume qu’il m’est permis d’admirer ce que je ne puis exactement imiter.

Le contre-amiral sourit, et toucha son chapeau en reconnaissance de ce compliment, mais sans rien y répondre. Pendant ce temps, sir Wycherly et les autres étaient arrivés, et les présentations d’usage eurent lieu. Le vieux baronnet pria sa nouvelle connaissance de se joindre à ses hôtes, avec une telle cordialité qu’un refus était impossible.

— Puisque vous et sir Gervais insistez si vivement sur ce point, sir Wycherly, répondit le contre-amiral, il faut bien que j’y consente ; mais comme il est contraire à notre pratique que les deux principaux officiers d’une escadre la quittent en même temps quand ils sont de service en pays étranger, — et je regarde cette rade comme pays étranger, puisque aucun de nous ne la connaît, – je demanderai qu’il me soit permis de retourner sur mon vaisseau avant minuit. Le vent me paraît bien établi, sir Gervais, et je crois que nous pouvons passer quelques heures à terre sans danger.

— Bon, bon, Bluewater ; vous vous imaginez toujours que nos bâtiments sont surpris par un ouragan, et ont à s’élever d’une côte sous le vent. Soyez sans inquiétude, et allons dîner confortablement avec sir Wycherly. J’ose dire que nous trouverons chez lui un journal de Londres, et il nous apprendra peut-être quelque secret d’état. A-t-on quelques nouvelles de notre armée de Flandre ?

— Les choses semblent rester à peu près dans le même état, depuis cette affaire terrible dans laquelle le duc a battu les Français. Je ne puis jamais me rappeler un nom étranger ; mais celui-là sonne