Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/90

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temps couvert, pour prendre l’uniforme de soldat, avec une plume à votre chapeau, et une marmite de campement suspendue à votre bras par son anse, suivre un tambour comme un des montagnards commandés par lord Bluewater votre parent ? car, quant aux marins, votre prince héréditaire, comme vous l’appelez, n’en a pas assez pour boucher une fente de sa conscience et hisser les pans de son habit pour les empêcher d’être déchirés par les bruyères d’Écosse. Si vous suivez cet aventurier, ce ne peut être qu’en quelque qualité semblable, car je doute qu’il ait un marin qui puisse lui dire comment il doit orienter ses voiles pour aller de Perth à Londres.

— Quand j’irai le joindre, je le trouverai mieux accompagné.

— Et que pourriez-vous faire, vous, au milieu d’un tas d’Écossais courant sur leurs montagnes ? Vos signaux ne feront pas manœuvrer des régiments, et quant à d’autres manœuvres, vous n’y entendez rien. Non, non, restez où vous êtes, et employez les connaissances utiles que vous possédez à aider un ancien ami. Je n’oserais risquer une entreprise hardie, si je n’étais sûr de vous avoir à mon avant-garde pour frapper le premier coup, ou à l’arrière pour me soutenir bravement.

— Que je sois à votre côté ou en Écosse, Oakes, vous ne craindrez jamais rien. La crainte n’est pas votre défaut, quoiqu’on n’en puisse dire autant de la témérité.

— En ce cas, j’ai besoin de votre présence pour me retenir dans les bornes de la raison, dit sir Gervais s’arrêtant dans sa promenade, et souriant en regardant son ami en face ; de manière ou d’autre, j’ai toujours besoin de votre aide.

— Je comprends ce que signifient vos paroles, sir Gervais, et j’apprécie le sentiment qui vous les inspire. Soyez parfaitement convaincu que je ne ferai rien précipitamment, et que je ne trahirai la confiance de personne. Quand je tournerai le dos au roi George, ce sera loyalement dans un sens, quoi qu’il en puisse penser dans un autre ; et quand je rejoindrai le prince Charles-Édouard, ce sera avec une conscience qu’il pourra mettre à l’épreuve sans rien craindre. Quels noms il porte ! ceux d’anciens souverains d’Angleterre, dont le son seul doit suffire pour éveiller l’intérêt de tous les Anglais.

— Oui, surtout celui de Charles répliqua Oakes d’un ton caustique. Il y a Charles II, par exemple, — saint Charles, comme notre digne hôte l’appellerait ; — c’est le modèle des princes, et tous les Anglais doivent t’admirer. – Et son père, Charles Ier, était de l’école des martyrs de la chambre ardente.

— Tous deux descendaient en ligne directe du Conquérant et des