Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/228

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qui sont parsemées sur à peu près autant de milles. Et qui sait si nous ne pourrons pas un de ces matins y mettre un éteignoir sur ce Jack à la lanterne, en jetant le grappin sur lui dans ces parages ?

— Ce qui peut à peine manquer, capitaine, puisque son commandant est entre nos mains.

Le canot de Raoul fut laissé sur le pont, et l’on donna les ordres nécessaires pour le placement des prisonniers. Raoul fut envoyé dans la batterie, et Winchester prit des mesures pour l’y loger et pour éloigner de lui toute espèce d’armes et même des rasoirs, et une sentinelle fut chargée de veiller sur lui. Dans une telle situation, il était impossible qu’il s’échappât ; et quant à la crainte qu’il n’attentât lui-même à ses jours, Cuff, lorsqu’on discuta cette question, dit avec beaucoup de sang-froid : — Le pauvre diable ! il sera nécessairement pendu ; et s’il voulait être lui-même son exécuteur, il nous épargnerait le désagrément d’avoir une exécution à bord ; car je suppose que Nelson ordonnera qu’il soit pendu à notre vergue de misaine. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait employer pour ce service une des frégates napolitaines ; elles ne sont bonnes qu’à cela.

— Je crois plutôt, capitaine, qu’il sera pendu à bord de son propre lougre, si nous réussissons à le prendre.

— Par saint George ! vous avez raison, Griffin ; et c’est un motif de plus pour que nous cherchions à découvrir ce Fiou-Folly. — Combien n’aurait-il pas mieux valu que nous les eussions brûlés tous ensemble à l’embouchure du Golo !

Nous avons déjà dit que Raoul Yvard fut envoyé dans la batterie, accompagné d’une sentinelle ; Ghita et son oncle furent conduits dans les deux chambres à bâbord et à tribord de celle du conseil. Elles étaient vides, et l’on eut soin de leur donner des matelas pour qu’ils pussent se coucher. Le capitaine et les deux Italiens se retirèrent alors dans la chambre de l’arrière, et Griffin fut invité à les y accompagner. Là, Cuff se souvint qu’il avait un quatrième prisonnier à interroger, et il ordonna qu’on l’amenât en sa présence. Ithuel, voyant toute l’attention des officiers absorbée par Ghita et son oncle, s’était rapproché peu à peu du canot sur lequel il était venu, y était remonté, et s’était étendu dans le fond comme pour y dormir, mais, dans le fait, pour tâcher de se faire oublier en restant hors de vue ; se réservant, in petto, de sauter par-dessus le bord, après le coucher de la lune, si la frégate se trouvait alors assez près de la côte pour qu’il pût espérer de la gagner à la nage. On le trouva dans cette situation, on le fit lever, et on le conduisit devant le capitaine.

Ithuel n’avait pas voulu consentir à se hasarder dans le voisinage