Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/236

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fortement prononcé, c’est tout juste une fois par an depuis votre naissance, laissant de côté les années que vous avez passées en jupons.

— Mais nous ne sommes pas venus ici pour entretenir le capitaine Cuff de tous ces détails ; nous y arrivons en vertu des ordres du contre-amiral, — le petit Nel, comme vous l’appelez, sir Frédéric Dashwood.

— Pas du tout. — C’est vous autres, vieux Agamemnons, qui lui avez donné ce nom.

— Vous me pardonnerez, Monsieur, répondit Lyon d’un ton un peu dogmatique ; vous ne m’avez jamais entendu le nommer autrement que milord, depuis qu’il a plu à Sa Majesté de l’élever à la pairie ; jamais autrement que milord ou contre-amiral, le rang dans la marine ayant droit à ses privilèges, même sur le trône. Plus d’un roi a été colonel, et je ne vois pas que le titre d’amiral dût faire honte à un roi. — Ne croyez-vous pas, capitaine Cuff, que depuis que lord Nelson a été créé duc de Bronté, il a droit d’être appelé Votre Grâce ? On donne ce titre à tous les ducs en Écosse, et je ne vois pas pourquoi le contre-amiral ne recevrait pas ce qui lui est dû, aussi bien que le meilleur d’entre eux.

— Fiez-vous à lui pour cela, dit Cuff en riant ; Nel saura veiller à ses intérêts aussi bien qu’à ceux du roi. — Mais, Messieurs, vous n’êtes pas venus ici pour me rendre une visite du matin. N’avez-vous pas quelque rapport à me faire ?

— Pardon, capitaine Cuff, répondit Dashwood, j’oubliais réellement le motif de notre arrivée. J’ai à vous annoncer que nous arrivons ici porteurs d’ordres de l’amiral qui vous sont adressés, et les voici.

— Le lieutenant qui m’a apporté ce paquet à bord m’a dit que nous aurions à juger un espion et à chasser un lougre. — En avez-vous entendu parler, Lyon ?

— Non, sir Frédéric. Ne faisant jamais de questions, j’apprends peu de chose de ce qui se passe dans l’escadre. J’ai reçu ordre de me mettre, moi et mon bâtiment, à la disposition du capitaine Cuff, et c’est ce que je fais en ce moment.

— Eh bien, Messieurs, voici les instructions que je trouve dans ce paquet. Nous devons former un conseil de guerre, composé de Richard Cuff, capitaine de la Proserpine, président ; de sir Frédéric Dashwood, capitaine de la Terpsichore ; de Robert Lyon, commandant le Rindgove, et de MM. Winchester, mon premier lieutenant, et de Spriggs, le vôtre, sir Frédéric, pour instruire et juger les procès de Raoul Yvard, citoyen français, accusé d’espionnage, et d’Ithuel Bolt, matelot, accusé de désertion. Tout est en règle, et voici les ordres qui concernent chacun de vous, Messieurs.