Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/242

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— Pardon, Signor, mais je vous prie de vous borner à répondre à mes questions. J’ai toujours appelé la felouque le Ving-and-Ving, et je ne me suis jamais donné d’autre nom que celui de capitaine Smit. Tout cela n’est-il pas vrai ?

Si, Signor, — le Ving-y-Ving, et il capitano Smit — sir Smit — issu d’une illustre famille anglaise, si je m’en souviens bien.

Raoul sourit, car c’était sans préméditation qu’il avait dit quelques mots dans ce sens ; il y avait été entraîné par la conversation des deux Italiens, et ils s’étaient fait illusions eux-mêmes. Cependant il ne jugea pas prudent de contredire le podestat, qui n’avait encore allégué contre lui rien qui pût le compromettre.

— Si un jeune homme a assez de vanité pour vouloir se faire passer pour noble, Messieurs, dit-il d’un ton calme, cela peut prouver qu’il a un grain de folie, mais non que ce soit un espion. Vous dites, Signor, que vous ne m’avez jamais entendu dire que je sois Français ; mais ne vous ai-je pas dit que je suis né à Guernesey ?

— Oui ; vous m’avez dit que la famille Smit venait de cette île, comme le vice-gouverneur l’appelle, quoique j’avoue que je n’ai jamais entendu parler d’une île de ce nom. Sans parler de l’île d’Elbe, je sais qu’il y a la Sicile, la Sardaigne, la Corse, Capri, Ischia, l’Irlande, l’Angleterre, Malte, Procida, Pianosa, Gorgona, l’Amérique, et plusieurs autres îles à l’orient ; mais je n’avais jamais entendu nommer celle de Guernesey. Nous autres habitants de l’île d’Elbe, Signori, nous sommes des gens simples et modestes, mais nous connaissons un peu le reste du monde ; et si vous voulez interroger le vice-gouverneur, et l’inviter à vous ouvrir le trésor de ses connaissances, il vous parlera sur ce sujet plus d’une demi-heure. San Antonio ! je doute qu’on trouve son égal dans toute l’Italie, surtout pour connaître les îles.

— Fort bien ! fort bien ! Maintenant, signor podestat, dites à ces messieurs si vous pouvez affirmer, sous la foi du serment que vous avez prêté, qu’il est à votre connaissance personnelle que j’aie quelque chose de commun avec cette felouque nommée Ving-y-Ving.

— Je ne puis le dire que d’après vos propres paroles. Vous étiez en uniforme de marine, comme les officiers qui sont ici, et vous avez dit que vous commandiez le Ving-y-Ving. En parlant des îles, Signori, j’ai oublié celles de Palmavola et de Ponza, devant lesquelles nous avons passé en venant ici de l’île d’Elbe.

— On ne peut mieux. On ne saurait être trop exact quand on fait une déposition après avoir prêté serment. Ainsi donc, signor podestat, le résultat de tout ce que vous venez de dire, c’est que vous ne