Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/30

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m’oblige à constater de quelle nation vous êtes. Une fois que nous en serons bien certains, tous les habitants de cette île se feront un plaisir de prouver combien ils honorent et estiment nos illustres alliés.

— Cela est si raisonnable et si conforme à ce que je fais moi-même quand je rencontre en mer un bâtiment étranger, s’écria le capitaine en lui tendant les deux mains de la manière la plus franche, qu’il faudrait être fou ou fripon pour le trouver mauvais. Continuez donc, signor vice-gouverneur, et cherchez à éclaircir vos doutes comme vous le jugerez à propos. Mais comment nous y prendre ? Voulez-vous venir sur mon bord, et tout y inspecter vous-même ? y enverrez-vous ce respectable magistrat ? Ou vous montrerai-je ma commission ? Je l’ai sur moi, et elle est à votre service et à celui de Son Altesse Impériale le grand-duc.

— Je me flatte de connaître assez l’Angleterre, quoique ce soit par le moyen des livres, signor capitano, pour découvrir une imposture, ce dont je suis bien loin de vous croire capable, et il ne me faudrait pour cela qu’une courte conversation. Nous autres vers de livres, ajouta Barrofaldi en jetant un coup d’œil de triomphe sur son voisin, car il espérait donner au podestat une preuve pratique de ses connaissances générales, dont l’utilité avait été souvent discutée entre eux ; nous autres vers de livres, nous savons une manière de traiter ces bagatelles qui n’appartient qu’à nous. Si vous voulez donc, signor capitano, avoir avec moi un court entretien sur l’Angleterre, ses habitudes, sa langue et ses lois, la question qui nous occupe sera bientôt décidée.

— Je suis à vos ordres, Signor, et rien ne me ferait même plus de plaisir que de causer quelques minutes de ma petite île. Elle n’est pas grande, et elle est sans doute de peu de valeur ; mais c’est ma patrie, et à ce titre elle en a une grande pour moi.

— Cela est naturel. Mais à présent, Signor, ajouta Barrofaldi en jetant un regard sur le podestat, pour voir s’il écoutait, voulez-vous avoir la bonté de m’expliquer quelle sorte de gouvernement possède l’Angleterre ? Est-il monarchique, aristocratique ou démocratique ?

Peste ! c’est à quoi il n’est pas facile de répondre. Il y a un roi en Angleterre ; il y a aussi des lords très-puissants, et enfin il s’y trouve une démocratie qui donne de temps en temps assez de fil à retordre. Votre question, Signor, pourrait embarrasser un philosophe.

— Cela peut être assez vrai, voisin Vito Viti, car la constitution