Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/377

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CHAPITRE XXVIII.


« Le dos appuyé contre un rocher, un pied fermement placé en avant, venez l’un après l’autre, venez tous ensemble ! s’écria-t-il ; ce roc fuira de sa base avant moi. »
Sir W. ScottLa Dame du Lac.



La relation du combat sera plus claire pour le lecteur, si nous lui mettons sous les yeux un aperçu de l’ordre dans lequel il fut livré. Sir Frédéric Dashwood avait fait tous ses préparatifs pour commencer l’attaque du côté de la terre, comme nous l’avons déjà dit, dans la vue d’empêcher les Français de chercher un refuge sur le rivage. Raoul en avait prévu la probabilité, et pour que l’ennemi ne pût aborder facilement ses deux bâtiments, il les avait placés l’un et l’autre dans des positions qui laissaient une barrière de rochers entre eux et la côte. Ces rochers étaient invisibles de loin, attendu qu’ils n’étaient que mouillés, comme on dit, c’est-à-dire qu’ils ne s’élevaient qu’à fleur d’eau, ce qui offrait la même protection contre une attaque par des canots, que des fossés contre un assaut sur terre. C’était un avantage important pour la défense, et notre héros avait fait preuve de jugement en prenant cette mesure. Ithuel commandait la felouque, qui se nommait le Saint-Michel ; il avait deux caronades de 12 avec quinze hommes sous ses ordres, tous bien armés, et avec des munitions suffisantes. L’Américain était le seul officier qui fût sur son bord, mais il avait avec lui quatre des meilleurs matelots du lougre.

Raoul avait confié le Feu-Follet aux soins de Jules Pintard, son premier lieutenant, et avait mis sous ses ordres vingt-cinq hommes pour servir quatre caronades. On n’avait eu le temps de replacer à bord du lougre qu’une partie de son lest et environ le tiers de ses approvisionnements en tout genre. Le reste était encore sur les rochers voisins en attendant le résultat du combat. On croyait pourtant qu’il aurait assez de stabilité pour le service qu’on pouvait en attendre pendant qu’il était amarré, et qu’il pourrait même porter sa voilure sans danger par une brise légère. Ses quatre caronades furent placées sur le même bord, afin de pouvoir servir de batterie dans la même direction. Cet expédient rendait plus redoutables les moyens de défense des Français, en leur permettant d’employer en même