Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 22, 1845.djvu/372

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en répétant partout combien c’était généreux à lui de donner une voiture à sa sœur.

Le major conduisit mistress Drewett à sa voiture, et son fils fut obligé de nous quitter pour monter à côté d’elle. Cette circonstance me procura une minute de bienheureux tête à tête avec Lucie. Elle me parla de Grace, me dit qu’il y avait des mois qu’elle ne l’avait vue, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant ; que toutes ses instances n’avaient jamais pu la décider à rester auprès d’elle, tandis qu’elle-même n’avait jamais pu trouver moyen d’aller à Clawbonny, Rupert prétendant que sa présence était indispensable pour terminer une foule d’affaires.

— Grace n’est pas aussi humble que je l’étais autrefois, dit la chère enfant en me regardant en face d’un air de reproche, et j’espère bien que vous n’imiterez pas son mauvais exemple. Elle veut me faire entendre qu’elle a un chez soi ; et moi, quand je n’en avais pas, que vous étiez riche, et que j’étais pauvre, est-ce que je rougissais de rester chez vous ?

— Merci, Lucie, merci ! lui dis-je tout bas, en lui serrant vivement la main ; mais ce ne peut être cela. Avez-vous entendu parler de la santé de Grace ?

— Oh ! elle se porte bien, je le sais. Rupert me l’a dit, et les lettres de cette bonne amie sont aussi tendres, aussi gaies que jamais, sans le plus petit mot de plainte. Mais il faut absolument que je la voie bientôt. Grace et Lucie ne sont pas nées pour vivre séparées. — Voici la voiture, — vous viendrez me voir demain matin, n’est-ce pas, Miles ? Nous déjeunons à huit heures précises.

— Je ne le puis. Je pars demain pour Clawbonny au commencement de la marée, qui est à quatre heures. Je vais coucher à bord du sloop.

Le major Merton mit Lucie en voiture ; les adieux furent échangés, et je restai debout sous le vestibule à la regarder partir pendant que Rupert s’éloignait rapidement.