Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/308

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et qu’il a en outre entre les mains des titres et des obligations pour une valeur de plus de vingt mille dollars, je conçois qu’il lui soit facile de faire le généreux.

— Vous n’avez pas bien saisi l’affaire, mon cher Monsieur. M. Daggett administre Clawbonny, non pas comme héritier, mais comme acquéreur, ou plutôt comme représentant de l’acquéreur ; car c’est un de ses neveux qui s’est porté adjudicataire, et qui lui a donné sa procuration. Le montant de la vente, — cinq mille deux cent cinquante dollars, — a été porté en déduction de votre dette. Si les enchères ne se sont pas élevées plus haut, ce n’est la faute de personne.

— Non, sans doute. Je sais très-bien comment les choses se passent, quand il y a de ces ventes par expropriation forcée, en l’absence du propriétaire. Mais, enfin, quelle est la nature de la proposition que vous comptez me faire ?

— M. Daggett a entendu dire que vous possédiez des perles d’un certain prix, une belle argenterie, sans parler du reste de votre mobilier ; si vous voulez les lui donner en garantie, il suspendra toute poursuite ; en un mot, il vous donnera du temps.

— Et à quelle somme M. Daggett estime-t-il ce mobilier ?

— Comme il veut être généreux, il pense qu’on pourrait convenir d’une somme de quatre mille dollars.

— À merveille ; c’est tout au plus la moitié de la valeur. Eh bien ! Monsieur, si M. Daggett n’a point d’autre proposition à faire, je préfère rester en prison, et voir quel parti je pourrai tirer de ce qui me reste par des ventes partielles et volontaires. Les valeurs qu’il a entre les mains représentent une somme de vingt-deux mille dollars ; ajoutez-y les cinq mille dollars du prix de la vente ; c’est une balance de treize mille dollars dont je reste débiteur, et que je ne conteste pas.

— Nous voici bientôt à la prison, Monsieur ; peut-être la vue des murs…

— N’en parlons plus. Quand M. Daggett voudra faire une proposition raisonnable, il me trouvera disposé à l’écouter. Jusque-là, toute discussion ultérieure est inutile. Ainsi donc, adieu, Monsieur, il n’est pas nécessaire que vous m’accompagniez plus loin.

J’étais décidé à me tenir d’autant plus sur mes gardes, qu’il était évident que j’avais affaire à des fripons. M. Daggett craignait que je ne trouvasse moyen de me défaire de mes biens meubles avant qu’il