Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/327

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portés à votre client. Quant à l’authenticité du testament, je me bornerai à dire que, non-seulement il a été rédigé par moi, d’après les instructions précises de M. Wallingford, — instructions que je possède encore, écrites de sa propre main, — mais qu’il a été copié en entier par mon client, et signé et scellé par lui en ma présence. Même non signé, ce testament serait valide, quant aux biens-meubles, en l’absence d’autre testament ; mais je me flatte qu’il vous paraîtra revêtu de toutes les formalités nécessaires.

M. Meekly fut le testament tout haut, d’un bout à l’autre ; et, en me le remettant, il jeta à la dérobée à Daggett un regard découragé. Celui-ci demanda avec anxiété si quelque inventaire des biens accompagnait le testament ?

— Oui, Monsieur, répondit M. Harrison, avec des indications précises sur les endroits où se trouvent les titres et les certificats de toute espèce, ainsi que les obligations hypothécaires. J’ai quelques-unes de ces dernières entre les mains. Je présume que celle de M. Miles Wallingford avait été gardée par le testateur lui-même, comme papier de famille.

— Eh bien, Monsieur, vous pourrez vous convaincre qu’aucune rente n’a été touchée ; et l’obligation dont vous parlez est à peu près le seul titre que nous ayons pu découvrir. Je m’étonnais même de trouver si peu de valeurs réalisables pour payer les différents legs laissés par le défunt.

— Ne vous inquiétez pas, monsieur Daggett. C’est un soin qui regarde maintenant l’exécuteur testamentaire. Votre administration provisoire va cesser naturellement ; vous n’avez sans doute pas d’objections à faire ? Qu’en pense monsieur Meekly ?

— Aucune objection, monsieur Harrison, répondit vivement le procureur. Que tout soit oublié de part et d’autre.

Voilà ce que me valait l’avantage d’avoir pour moi un jurisconsulte d’un grand mérite et d’une intégrité non moins éprouvée. Daggett renonça de lui-même à toutes ses prétentions, et me rendit Clawbonny. Il ne restait qu’à accomplir les formalités requises. Je me vis obligé de me transporter au domicile de mon cousin, et de me séparer de Lucie. C’était dans le comté de Genessee qu’il fallait faire le dépôt du testament, et ce comté était bien éloigné de New-York en 1804. Le voyage qu’on ferait aujourd’hui en trente heures, me prit trente jours, et il me fallut près d’un mois pour terminer