Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/336

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la peine qu’elle avait eue à ranger, à nettoyer partout, et elle s’en donnait a cœur-joie contre les Daggett ; mais heureusement leur règne avait été court, et un Wallingford possédait de nouveau les cinq corps de bâtiments qui formaient l’habitation de Clawbonny. Je méditai ce jour-là même l’érection d’un sixième pavillon, mais en me promettant bien de conserver religieusement toutes les constructions antérieures dans leur état primitif.

Le lendemain était le jour désigné par Lucie pour notre union : je partis à dix heures du matin dans un joli équipage acheté tout exprès, ayant auprès de moi Marbre dans son costume de garçon de noces. Le pauvre homme était au supplice, et il faut convenir que ses bas de soie et ses culottes courtes allaient singulièrement à sa tournure ; on l’eût dit cousu dans ses habits, tant il avait l’air guindé et tout d’une pièce.

— Miles, me dit-il, mes jambes n’ont jamais été faites pour paraître au grand air ; voyez donc le beau spectacle que de montrer des poteaux comme ceux-là ! C’est la première et la dernière fois qu’on m’y attrape. Ah ! ça, n’oubliez pas de me faire le signal quand il faudra embrasser.

J’aurais joui de l’embarras de Moïse, si je n’avais pas eu à penser à tout autre chose ; mais nous arrivions au presbytère, et je trouvai le bon ministre et Lucie, qui venait de terminer sa toilette. Qu’elle était jolie dans son costume de mariée, si simple, mais qui lui allait si bien ! Elle n’avait eu recours à aucune de ces mille inventions du luxe et de l’élégance pour rehausser sa beauté ; mais il était impossible d’approcher d’elle sans subir l’influence de cette grâce charmante qui était répandue dans toute sa personne. Une robe de mousseline des Indes, d’une finesse extrême, dessinait sa taille divine ; ses beaux cheveux noirs étaient retenus par un peigne orné de perles, auquel était attaché le voile d’usage. Autour de son cou d’ivoire et de ses blanches épaules se jouait mon collier de perles, tel qu’il avait été monté à bord de la Crisis, riche parure destinée depuis si longtemps à ma fiancée, et qui me rappelait tant de souvenirs si divers.

Nous n’avions invité aucun étranger à la cérémonie ; n’avions-nous pas nos meilleurs amis autour de nous ? Un moment j’avais eu l’idée d’écrire à Drewett pour l’engager à venir ; mais Lucie m’en avait détourné en me demandant avec malice si j’aurais aimé qu’on