Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/170

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— Peut-être miss Beuly en faire un colonel vrai, et changer un habit bleu en habit rouge, répondit le plus jeune.

— Jamais, jamais voir cela, Pline, dans une révolution. Quand elle est commencée avec ardeur, jamais y avoir idée d’amendement. Les révolutions regarder une route et pas voir deux côtés à la fois, pas plus qu’un homme de couleur voir deux côtés dans une Peau-Rouge.

Cette expression a peut-être donné naissance au célèbre axime de Napoléon : — les révolutions ne vont jamais en arrière. — Telle était la pensée de Pline l’ancien ; pensée que Pline le jeune admirait grandement, pour ne point parler des opinions de la grande briseuse et de la petite briseuse qui assistaient au discours.

— Hé bien, moi souhaiter, par égard pour miss Beuly, que le colonel Beekman être seulement caporal dans les troupes du roi ; mieux vaut être sergent ici que brigadier général dans une compagnie américaine.

— Quoi donc être qu’un brigadier, Pline ? demanda la petite briseuse avec intérêt.

— Le brigadier, grand gentilhomme, lui porter un habit rouge ? Autrefois brigadiers venir par centaines pour visiter le maître et la maîtresse, et jouer avec maître Bob. Eh ! pas de révolution dans ces jours-là ; chacun connaître son devoir, chacun le remplir.

Voilà qui peut montrer les sentiments politiques des Plines, et indiquer aussi de quelles idées les briseuses devaient être imbues dans une telle compagnie.

Le major fut reçu avec un grand plaisir par ses admirateurs dévoués et quand Maud leur eut dit tout bas combien la discrétion était nécessaire, toutes les bouches se fermèrent.

Enfin le major resta seul avec sa famille. Mistress Willoughby embrassa encore son fils à plusieurs reprises ; Beulah et le capitaine en firent autant, tandis que M. Woods lui serrait de nouveau la main et le bénissait. Maud seule ne semblait prendre aucune part à ces démonstrations de joie.

— Maintenant, Bob, parlons sérieusement, dit le capitaine dès qu’il fut plus calme. Tu n’as pas fait ce difficile et périlleux voyage sans un motif ?

— Mais dans ce moment n’est-ce pas les mouvements de la val-