Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ce n’est pas elle qui me l’a donné. Vous savez, Bob, que je suis majeure maintenant, et mon père m’a remis depuis un mois quelques papiers ; ils contenaient un acte de mariage et d’autres choses de cette espèce qui montrent que je suis maîtresse d’une fortune dont je ne saurais que faire si je ne la destinais pas au cher petit Evert. Avec les papiers étaient d’autres objets que votre père n’a jamais regardés, je suppose ; c’est parmi ces choses qu’était cette belle miniature.

En disant ces Mots, Maud tira la miniature de son sein et la plaça dans les mains de Robert. Quand cet acte si simple fut accompli, son esprit sembla soulagé, et elle attendit avec un intérêt naturel les réflexions de Robert.

— C’est donc là votre propre mère ! dit le jeune homme après avoir étudié la miniature avec une physionomie pensive. C’est bien elle, c’est bien vous.

— C’est bien elle, Bob ? Comment pouvez-vous le savoir ? Je suppose que c’est ma mère, parce que ce portrait me ressemble, et parce qu’il ne serait pas facile de dire quelle autre ce pourrait être ; mais vous ne pouvez le savoir.

— Vous vous trompez, Maud ; je me souviens bien de votre père et de votre mère ; il ne peut en être autrement, car ils m’aimaient beaucoup. Rappelez-vous que j’ai vingt-huit ans maintenant, et j’avais sept ans quand vous êtes née. Pourquoi me fut-il dès lors recommandé de ne jamais parler de tout cela en votre présence ?

— Jamais ! peut-être n’était-ce pas un sujet que je dusse entendre, si cela se rattachait à mes parents.

— Oui, ce dut être la raison qui empêchait que les commencements de votre vie vous fussent racontés.

— Sûrement, sûrement, mais je suis assez âgée maintenant pour entendre cela. Ne me cachez rien, Bob.

— Si je le voulais, je ne le pourrais pas maintenant ; il est trop tard, Maud. Vous savez comment le major Meredith mourut ?

— Il tomba sur le champ de bataille, du moins je l’ai toujours supposé, répondit la jeune fille d’une voix étouffée et avec un accent de doute, car personne ne m’a jamais parlé directement, même de ce fait-là.

— J’étais près de lui lorsqu’il mourut. Les Français et les sauvages nous attaquaient, et nos deux pères s’étaient élancés pour