Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/214

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— Oui, la trahison est une cruelle chose, dit le consciencieux Joël ; on ne peut trop se mettre en garde contre la trahison. Le capitaine a-t-il réellement l’intention de défendre la maison ? doit-on s’attendre incessamment à une sérieuse attaque ?

— Si je la défendrai ! voilà une question extraordinaire, monsieur Strides. Pourquoi aurais-je fait bâtir la maison de cette manière, si je n’avais pas eu cette intention ? pourquoi l’aurais-je fait palissader ? pourquoi y aurais-je amené mes gens, établi une garnison enfin ?

— Je supposais que tout cela pouvait avoir été fait pour prévenir une surprise, mais non pas dans l’espoir de soutenir un siège. Je serais fâché de voir nos femmes et nos enfants sous ce toit si l’ennemi dirigeait contre nous le fer et le feu.

— Et moi, je serais fâché de les voir en tout autre endroit. Mais nous perdons notre temps. Mon intention, en vous envoyant chercher, Joël, était de vous demander votre opinion sur le vrai caractère de nos visiteurs. Avez-vous quelque opinion ou quelque information à me donner sur ce point ?

Joël appuya son coude sur son genou et son menton dans sa main, et sembla réfléchir. — Si l’on pouvait trouver quelqu’un qui veuille s’aventurer à sortir avec un drapeau, dit-il enfin, vous pourriez tout savoir en quelques minutes.

— Et qui pourrais-je envoyer ? j’irais de grand cœur moi-même, mais ce ne serait guère excusable dans ma situation.

— Si des gens comme moi pouvaient être utiles à Votre Honneur, dit Mike avec promptitude, il n’est pas nécessaire de dire que vous pouvez vous servir de moi comme de votre propriété.

— Je ne pensais guère que Mike allait se présenter, dit Joël avec un sourire forcé ; il sait à peine distinguer un Indien d’un blanc ; quand il verrait leurs peintures, il se trouverait dans une terrible confusion.

— Si vous pensez que je puisse prendre des blancs pour des sauvages, vous vous trompez sur mon compte, monsieur Strides. Que le capitaine dise un mot, et j’irai tout de suite au moulin.

— Je n’en attendais pas moins de vous, Mike, dit le capitaine avec douceur ; mais je ne voudrais pas vous faire courir de pareils risques, je puis en trouver un autre.

— On dirait que le capitaine a quelqu’un en vue, dit Joël en regardant son maître d’un œil perçant. Peut-être est-ce le même