Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/282

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pour une entrée que pour une sortie puisque j’y suis passé ce matin. Ah ! cette créature de Nick ! Et comment pensez-vous que cette ouverture a été faite ?

— Cela n’a pu être fait avec intention, O’Hearn.

— C’est Joël qui l’a faite en sciant un poteau, et en enlevant une cheville ou deux, afin que la palissade fonctionnât comme une porte.

— Il faut y voir, s’écria le capitaine. Marchez devant, Mike, et montrez-nous l’endroit.

Tous trois furent bientôt dans la cour. Michel traversa la porte et se dirigea vers le point où la palissade touchait, les rochers à l’est des bâtiments. C’était l’endroit où le sentier conduisait à la source, c’était la route par laquelle le capitaine comptait effectuer sa retraite, c’était aussi celle par laquelle Maud était rentrée à la Hutte la nuit de l’invasion. À un endroit commode, une des palissades avait été sciée si bas que les mottes de terre cachaient ce dégât, pendant que les chevilles, qui attachaient la charpente à la pièce de traverse, étaient dans leurs trous, laissant en apparence chaque chose dans son état ordinaire. En remuant les mottes, et en poussant la charpente de côté, le capitaine s’assura qu’un homme pouvait aisément passer à travers la palissade. Comme ce coin était le plus retiré de tous, on ne pouvait douter plus longtemps que l’ouverture n’eût été faite pour tous les déserteurs, y compris les femmes et les enfants. Mais de quelle manière avait-elle été connue de Nick ? c’est ce qui restait matière à conjecture. Des ordres allaient être donnés pour boucher ce passage, quand le capitaine songea qu’il pourrait s’en servir lui-même pour sa retraite. Dans cette idée, il se hâta de s’éloigner, de peur que quelque œil indiscret ne découvrît sa présence près de là et n’en devinât la cause ; il retourna à la bibliothèque, et le récit de Mike fut repris.

Comme le lecteur doit être souvent embarrassé de la manière de s’exprimer de homme du comte de Leitrim, par amour pour la brièveté nous dirons en substance ce qu’il lui restait à apprendre au capitaine. Nick avait réussi à persuader à Mike d’abord que lui le Tuscarora, était l’ami du capitaine et de sa famille et ensuite que le meilleur service que l’Irlandais pût rendre aux Willoughby, c’était de laisser partir Nick et d’aller avec lui. Cependant Mike n’avait pas la moindre idée de désertion ; le motif qui