Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/332

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le remuant il eut bientôt attiré l’attention de Willoughby qui s’avança, appliqua son œil à la large crevasse, et aperçut la face basanée de Nick.

Willoughby savait que la présence de l’Indien dans ce lieu, et dans de telles circonstances, nécessitait quelques précautions. Il ne parla donc pas, mais il fit un geste significatif vers la porte de son étroite prison, comme pour indiquer que les sentinelles étaient proches, et il demanda tout bas quel était l’objet de cette visite.

— Venir pour mettre major en liberté, répondit Nick.

— Puis-je vous croire, Tuscarora ? Quelquefois vous paraissez ami, d’autres fois ennemi. Je sais que vous êtes en très-bons termes avec mes ravisseurs.

— Bonne chose. Indien regarde deux côtés à la fois. Guerrier le doit, si lui grand guerrier.

— Je désire avoir une preuve, Nick, que vous êtes de bonne foi.

— Voici une preuve alors, murmura le sauvage en saisissant la petite main de Maud, et en la passant à travers l’ouverture avant que la jeune fille interdite pût se douter de ce qu’il allait faire.

D’un coup d’œil Willoughby reconnut la main. Elle était facile à distinguer par sa forme, sa blancheur et sa délicatesse, et de plus un de ses doigts effilés portait une bague dont Maud se servait depuis peu ; c’était un diamant qui venait de sa véritable mère. On ne s’étonnera donc pas qu’il saisît le gage qui lui était offert d’une manière si étrange, et qu’il le couvrît de baisers avant que Maud eût eu la présence d’esprit ou la force de retirer sa main. Cependant, dans un tel moment, elle ne put s’empêcher de répondre aux preuves d’ardente affection qui lui étaient prodiguées en pressant doucement la main qui tenait la sienne.

— C’est si étrange, Maud, et si extraordinaire, que je ne sais qu’en penser, murmura le jeune homme aussitôt qu’il put voir le visage de la charmante Elle. Pourquoi êtes-vous ici, ma bien-aimée, et dans une telle compagnie ?

— Fiez-vous à moi, Robert. Nick est venu comme votre ami. Aidez-le autant que possible et ne parlez pas. Quand vous serez libre, il sera temps de tout vous apprendre.

Après avoir fait un signe d’assentiment, le major recula d’un pas, afin de donner à Nick les moyens de continuer. L’Indien s’était mis à l’œuvre avec son couteau, et il passa bientôt le ciseau