Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Wallace connaît le motif de ses attentions, et n’en est pas réduite à de simples conjectures.

— Je suis charmé de voir que vous approuviez cette façon d’agir franche et ouverte. Quoiqu’il ne me reste qu’un moment pour dire ce que je voudrais, il me suffira d’ajouter que la conduite que Guert a tenue envers Mary Wallace est celle que Cornelius Littlepage désire tenir envers Anneke Mordaunt.

Anneke tressaillit ; ses joues pâlirent, puis l’instant d’après se couvrirent d’une vive rougeur. Elle ne répondit point, mais elle attacha sur moi un regard profond, et pourtant timide, que je n’oublierai jamais. Il semblait exprimer l’étonnement, l’émotion, la pudeur craintive de la jeune fille ; mais je n’y remarquai point l’expression du mécontentement. Cependant il n’y avait plus moyen d’entrer en explication, la voix d’Herman Mordaunt et celle de Bulstrode se faisaient entendre à la porte même, et l’instant d’après ils entraient dans l’appartement.


CHAPITRE XIV.


Ô ma belle, ma belle amante ! qui, le cou fièrement arqué, et l’œil en feu, m’attends en frappant du pied la terre, me voici ! je m’élance sur ton dos, et je dévore l’espace. En avant ! que celui qui m’atteindra maintenant, te réclame pour sa récompense !
L’Arabe à son coursier



Bulstrode parut charmé de me voir ; il se plaignit que j’eusse oublié si vite l’accueil que tout New-York, disait-il, m’avait fait le printemps précédent. Je ne demeurai pas en reste de politesses ni de compliments avec lui, et nous redevînmes bientôt aussi bons amis qu’autrefois. Mary Wallace ne tarda pas à nous rejoindre, et nous passions dans la salle à manger au moment où Dirck, qui avait été retenu par quelques affaires, arriva enfin.

Herman Mordaunt et Bulstrode firent à peu près seuls, dans les premières minutes, les frais de la conversation. Mary Wallace