Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/156

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respectable ; j’allai l’entendre avec Dirck ; mais Jason, plutôt que de paraître sanctionner par sa présence les rites de l’église anglicane, alla s’asseoir dans l’église hollandaise où il assista à un sermon qui dura une grande heure, sermon prononcé dans une langue dont il entendait à peine quelques mots. Anneke et Mary Wallace montèrent la côte en voiture, mais Herman Mordaunt était absent : Guert se trouvait dans la galerie où nous étions placés ; et je ne pus m’empêcher d’observer que, pendant tout le temps du service, ni l’une ni l’autre des deux amies ne leva les yeux du côté de nos bancs. Guert m’en fit la remarque à l’oreille, et à la fin de la cérémonie il descendit l’escalier quatre à quatre pour leur offrir la main jusqu’à leur voiture, après m’avoir recommandé d’être exact le lendemain au rendez-vous. Je ne savais trop ce qu’il voulait dire ; car les collines commençaient à secouer leur blanche enveloppe, et la neige disparaissait avec une rapidité étonnante. Je ne pus demander d’explication : Guert était trop occupé à faire avancer la voiture, et le temps était de nature à ne pas permettre de rester dans la rue un instant de plus qu’il n’était strictement nécessaire.

Il se fit pendant la nuit un changement dans la température ; la pluie avait cessé, quoique le vent fût toujours au sud. C’était le commencement du printemps ; et en allant chez Guert pour déjeuner avec lui, je rencontrai déjà dans les rues plusieurs voitures à roues, et je vis remiser des sleighs et des traîneaux comme des objets qui ne devaient plus servir avant l’hiver suivant. Nos printemps n’arrivent pas sans doute aussi brusquement que quelquefois dans l’ancien monde, du moins à ce que j’ai lu ; mais quand la neige et les frimas se prolongent jusqu’à la fin du mois de mars, alors le changement est souvent presque magique.

— Voilà pour le coup le printemps qui commence, dis-je à Dirck en me promenant avec lui dans les rues si bien lavées maintenant ; et dans quelques semaines il nous faudra partir. Il serait bon d’avoir terminé nos affaires relatives à la concession avant que les troupes se mettent en marche ; autrement nous perdrions l’occasion de les voir en campagne.

Arrivé chez Guert, je n’eus rien de plus pressé que de lui ex-