Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/237

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qui me fit compliment de ce qui s’était passé sur la rivière. Il tenait évidemment les détails de cette affaire de la bouche d’une personne qui était de mes amis, et il y fit allusion dans des termes qui ne pouvaient que m’être très-agréables. Cette courte conversation ne mérite pas d’être répétée ; mais ce fut le commencement de relations qui se rattachèrent ensuite à des événements de quelque intérêt.

Une heure environ après le dîner, notre caravane prit congé de madame Schuyler, et se remit en voyage. Nous ne devions faire encore qu’une petite journée, quoique les routes fussent assez bonnes. Au surplus ce n’était pas ce qui devait nous inquiéter longtemps, puisqu’à une trentaine de milles au nord d’Albany, dans la direction que nous suivions, il n’y a plus trace de chemins, à l’exception de la route militaire, qui conduisait droit au lac Champlain.

Dès que nous fûmes arrivés à l’endroit où il nous fallait quitter la grande route du nord, Herman Mordaunt dut faire descendre les deux amis de chariot et les engager à monter à cheval. Ceux de nos bagages dont nous ne pouvions nous passer furent mis sur nos chevaux de bât, et, après une demi-journée perdue dans ces arrangements, nous nous remîmes en marche. Les chariots devaient suivre à petites journées ; mais les chemins étaient tellement rudes et difficiles que les dames n’auraient jamais pu en supporter les secousses. Notre cavalcade, flanquée d’une troupe de piétons, offrait un aspect respectable le long des aspérités de la route, qui bientôt ne fut qu’une simple ligne coupée à travers la forêt, ligne sur laquelle on voyait bien parfois quelques traces de roues, mais sans qu’on eût fait le moindre effort pour aplanir la surface du terrain. C’était là que MM. Worden et Jason devaient nous attendre ; et, en effet, nous y trouvâmes leurs bagages. Ils avaient été en avant, en nous faisant dire que nous les trouverions un peu plus loin.

Guert et moi nous marchions devant, comme en éclaireurs. Jeunes et robustes, il ne nous était pas difficile de devancer les autres ; et sachant que la maison où nous devions passer la nuit était à quelques milles de distance, nous hâtâmes le pas pour prendre les dispositions nécessaires pour la réception de nos