Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un titre de gloire au collège, où elles me valurent le renom, à peine mérité, de pugiliste consommé.

Quand je regagnai la route après le combat, Anneke avait disparu, et j’eus la sottise de n’oser demander ni à César ni à Pompée son nom de famille.


CHAPITRE III.


En vérité, voilà un admirable personnage, qui n’est pas mécontent de son petit mérite. Voyons ! qu’il vienne nous montrer son talent.
Shakspeare



Je n’ai pas l’intention de conduire le lecteur au collège, où je restai les quatre années d’usage. Ce temps ne fut pas perdu, comme il arrive d’ordinaire, mais mis sérieusement à profit. Je lus le Nouveau-Testament tout entier en grec ; plusieurs des discours de Cicéron ; Horace, Odes et Satires, sans en passer un vers ; quatre livres de l’Iliade ; le traité de l’Orateur de Cicéron, d’un bout à l’autre, sans négliger pour cela la géographie, les mathématiques et les autres branches des connaissances. La philosophie morale fut, dans la dernière année, l’objet d’une étude sérieuse, ainsi que l’astronomie. Nous avions un télescope qui nous montrait quatre des satellites de Jupiter, tout autant. Notre collège n’était pas moins bien monté sous d’autres rapports. Un des élèves de notre classe avait acheté de hasard à New-York un exemplaire d’Euripide, et cet exemplaire resta au collège pendant six mois entiers, quoique je n’aie jamais eu la bonne fortune de le voir, attendu que le propriétaire était fort jaloux de son trésor, et qu’il le dérobait avec soin à tout regard profane. N’importe, nous savions qu’il était au collège, et nous eûmes grand soin de veiller à ce que les étudiants du collège d’Yale en fussent informés. Je ne crois pas qu’ils eussent jamais vu même la couverture d’un Euripide. Quant au télescope, j’en parle de science certaine,