Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/271

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remarquait, c’était pour prendre en pitié celui qui n’avait pas assez d’empire sur lui-même pour maîtriser ses émotions.

Dès que notre première curiosité fut assouvie, nous songeâmes au déjeuner. Le repas ne fut pas long ; il n’était pas de nature à retenir les convives plus longtemps qu’il n’était rigoureusement nécessaire pour apaiser la faim. Dès que nous eûmes fini, la petite troupe descendit le revers de la montagne, suivant notre guide, comme d’ordinaire.

L’Onondago nous avait amenés sur ce plateau qu’il connaissait, pour nous faire embrasser d’un coup d’œil tout le panorama ; mais il était impossible d’arriver au bord du lac de ce côté, et il nous fallut faire un détour de trois ou quatre milles pour atteindre un ravin à travers lequel nous réussîmes à passer, non sans de grands efforts. Arrivés sur le bord, nous y trouvâmes un canot fait d’écorces d’arbres, assez grand pour nous contenir tous les cinq, et nous y prîmes place sans perdre un moment.

Le vent s’était élevé du sud à mesure que le jour avançait, et les mouvements de la flottille étaient devenus beaucoup plus rapides. Au moment où nous venions de franchir le labyrinthe des petites îles pour gagner le canal principal, le bateau qui était en tête de l’armée était à portée de la voix. L’Indien nagea avec vigueur, et agitant la main en signe d’amitié, il vint ranger le bateau. En approchant, je reconnus le vicomte Howe debout sur l’avant, en grand uniforme, comme s’il tenait à être littéralement le premier dans une expédition dont le succès intéressait l’honneur de l’empire britannique tout entier.