Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/272

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CHAPITRE XXIII.


Mes fils ? mon cœur se brisera de les voir pleurer, et que puis-je leur offrir pour consolation, que quelques vaines espérances, et des sourires forcés ?
Sardanapale.



Lord Howe ne nous reconnut pas dans le premier moment sous nos blouses de chasse ; mais il avait trop souvent vu Guert Ten Eyck à Albany pour pouvoir se méprendre au son de sa voix, et l’accueil qu’il nous fit fut aussi cordial que sincère. Nous n’eûmes rien de plus pressé que de demander où était le régiment de Bulstrode, qui nous avait invités d’une manière si aimable à venir prendre place à la table de ses officiers ; notre intention était de le rejoindre sans délai.

— Le régiment de Bulstrode est au centre, nous répondit le vicomte, et il ne donnera pas aussi promptement que l’avant-garde. Si c’est la bonne chère que vous recherchez, messieurs, je ne vous retiendrai pas, car il y a là un certain M. Billings qui a, dit-on, un merveilleux talent pour composer avec rien un excellent dîner ; mais si vous voulez une occasion de vous distinguer, nous serons certainement la première brigade engagée ; et ma table, telle quelle, vous sera toujours ouverte avec plaisir.

Il ne pouvait plus être question pour nous de nous éloigner. Seulement nous fîmes entendre à notre noble commandant que nous n’acceptions son hospitalité que jusqu’au moment où il tiendrait la campagne, après avoir repoussé le détachement que l’ennemi allait sans doute envoyer pour s’opposer à notre débarquement.

Susquesus n’eut pas plus tôt appris notre détermination qu’il regagna lentement le bord, personne ne songeant à inquiéter la marche d’un canot qui venait d’aborder le bateau où se trouvait le commandant de la première brigade.

Le vent fraîchit de plus en plus, et comme la plupart des em-