Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/328

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Ce postsriptum me causa beaucoup plus de plaisir que le corps même du billet ; et je n’éprouvais pas moins d’empressement à me rendre à la demande d’Anneke que la chère enfant n’en montrait de me revoir. La lettre de Guert contenait ce qui suit :


« M. Mordaunt nous a recommandé, à Anneke et à moi, d’écrire aux personnes de votre petite troupe, auprès desquelles il pense que chacune de nous à le plus d’influence, pour vous presser de venir à Ravensnest en toute hâte. Nous avons reçu de bien tristes nouvelles, et une terreur panique s’est répandue parmi nos pauvres colons. Nous apprenons que M. Bulstrode, accompagné de M. Worden, est à quelques heures de marche de nous, et les familles des environs viennent se réfugier ici, tout éplorées. Ce n’est pas que moi-même je ressente de vives alarmes ; je me repose sur la miséricordieuse Providence ; mais enfin Celui en qui j’espère se sert d’agents humains, et je ne sache personne qui m’inspire plus de confiance que Guert Ten Eyck.

« Mary Wallace. »


— Par saint Nicolas ! Corny, voilà un de ces appels auxquels un homme n’hésite jamais à obéir, s’écria Guert, se levant tout à coup, et s’apprêtant à endosser son havre-sac. En faisant grande diligence, nous pouvons encore arriver ce soir à Ravensnest et les tranquilliser.

J’étais tout à fait du même avis, et Dirck fut loin d’élever aucune objection. Certes, ces lettres stimulèrent encore notre activité, bien qu’au fond il n’y eût rien d’autre à faire ; à moins que nous ne voulussions rester exposés à tous les effets de la vengeance des Indiens. La lettre à Dirck était d’Herman Mordaunt ; et elle allait droit au but en faisant connaître les faits dans toute leur nudité.

— Cher Dirck, — les Indiens approchent, nous n’en saurions douter ; et il est de notre intérêt commun d’unir nos forces. Venez, au nom du Ciel, vous joindre à nous avec tous vos compagnons. J’ai envoyé des éclaireurs de différents côtés, et tous s’accordent à dire qu’il y a des traces nombreuses dans la forêt.