Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/362

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nous avaient rejoints, et nous attendions tous en dehors le résultat de la mission. Enfin l’Onondago reparut, et, à notre grande joie, il était suivi d’un détachement d’Indiens, au milieu desquels étaient les deux prisonniers ; ils étaient garrottés, mais ils pouvaient marcher. Les Indiens, au nombre de douze, étaient tous armés. Ils débouchèrent lentement du ravin, et gravirent la prairie, qui s’étendait jusqu’à l’habitation ; puis, quand ils furent à quatre cents pas de nous, ils s’arrêtèrent. Voyant ce mouvement, nous nous avançâmes en nombre rigoureusement égal, et nous fîmes halte à deux cents pas des Indiens ; là, nous attendîmes notre messager, qui continua à se diriger vers nous. Jusque-là tout semblait favorable.

— Nous apportez-vous de bonnes nouvelles ? demanda vivement Herman Mordaunt ; nos amis sont-ils sains et saufs ?

— Ils ont la chevelure intacte ; on s’est jeté sur eux, deux, six, dix ; on les a pris alors. Ouvrez les yeux, vous verrez.

— Et les Hurons semblent-ils disposés à accepter la rançon ? Du rhum, des carabines, de la poudre, des couvertures, vous avez tout offert, n’est-ce pas, Susquesus ?

— Tout ; rien n’a été oublié, mais c’est mauvais. Ils disent que tout cela va leur appartenir, et plus encore.

— Et cependant ils sont venus pour traiter avec nous ? Que nous conseillez-vous de faire, Susquesus ?

— Déposez vos carabines, approchez-vous et parlez. Allez, vous, — que le prêtre aille, — le jeune chef aussi, cela fera trois ; — alors trois guerriers déposeront leurs carabines et viendront parler aussi. Les prisonniers attendent, — c’est bon.

Ce langage était assez clair ; et, convaincus que tout ce qui ressemblerait à de l’hésitation pourrait empirer la situation de Guert, nous exécutâmes à la lettre ce qui nous était commandé. Le révérend M. Worden n’y allait pas de grand cœur ; mais quand il vit Herman Mordaunt s’avancer résolument, il n’osa pas rester en arrière. Nous fûmes rencontrés à moitié chemin par un nombre égal de Hurons, parmi lesquels était l’ami de Jaap, Musquerusque, qui était évidemment le chef de la troupe. Guert et Jaap, toujours garrottés, furent gardés cent pas en arrière, mais de manière à pouvoir entendre, si l’on élevait la