Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/124

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CHAPITRE XII.


Voici venir les amants, pleins de joie et de gaieté. Salut ! couple gracieux, salut ! que de beaux jours d’amour réjouissent vos cœurs !
Un songe d’une nuit d’été.


Je ne dois pas vous laisser de doutes sur ma pensée, monsieur Littlepage, reprit Ursule après une courte pause. Priscilla Bayard m’est très-chère, et elle mérite votre admiration et votre amour…

— Mon admiration tant qu’il vous plaira, miss Ursule ; mais jamais, jusqu’à présent, il n’a existé entre elle et moi de sentiment plus tendre.

La physionomie d’Ursule s’éclaircit sensiblement. Sincère comme elle l’était elle-même, elle me crut au premier mot ; et je vis qu’elle était soulagée de quelque appréhension secrète. Elle sourit avec une expression de malice, et en même temps de mélancolie en disant :

— Jusqu’à présent, il n’est rien moins que significatif, quand il s’agit d’une jeune personne comme Priscilla. C’est presque dire que la chose pourrait bien arriver dans un avenir très-prochain.

— Miss Bayard est charmante, j’en conviens ; mais l’allusion que j’ai faite, assez maladroitement sans doute, se rapportait à son frère qui a demandé la main de ma plus jeune sœur. Ce projet de mariage n’est pas un secret, et je n’affecterai pas de le cacher.

— Et c’est justement ce qui pourrait bien donner naissance à un projet semblable entre vous et Priscilla ! s’écria Ursule assez alarmée.

— Oui et non, cela dépend des caractères. Pour les uns ce serait une raison ; pour d’autres, c’est tout le contraire.

— Si cette question a pour moi de l’intérêt, reprit Ursule, c’est que je sais quelqu’un qui recherche miss Bayard ; et j’avoue