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leurs prisonniers. Sans doute j’avais à me plaindre amèrement de leur conduite en général, puisqu’ils n’avaient aucun droit de me détenir, mais du reste il y eut une certaine délicatesse dans leurs procédés pendant toute la journée. Notre nourriture fut la leur. Laviny nous apporta jusqu’à cinq fois de l’eau fraîche ; et cette jeune fille montrait tant d’empressement à aller au-devant de tous les désirs qu’elle croyait que je pouvais former, qu’elle m’apporta tous les livres qu’elle put trouver dans la bibliothèque de la famille. Ils étaient au nombre de trois : un Fragment de Bible, le Voyage du Pèlerin, et un Almanach qui avait quatre ans de date.


CHAPITRE XX.


Je remarquai ses pas précipités, ses gestes étranges, son visage changeant, avec des sons inarticulés qu’il proférait ; et trop tard, hélas ! je vis la lame fumante, la main teinte de sang ; il tomba, et poussant un profond gémissement, il mordit la terre dans sa dernière agonie.
Warton.


Ainsi se passa cette longue et pénible journée. Je fis de l’exercice en me promenant en long et en large dans la salle ; mais l’Indien ne bougea pas de la place qu’il avait prise en entrant. Quant au squatter, il n’approcha plus du magasin ; seulement, deux ou trois fois dans le cours de la journée, je le vis en conférence secrète avec les plus âgés de ses fils. Ils semblaient se consulter, et il y avait des moments ou je croyais distinguer sur leurs figures une expression de menace.

On jeta un certain nombre de bottes de paille dans notre prison, de sorte que nous pûmes nous faire chacun un assez bon lit. Un soldat n’est pas effrayé de dormir sur de la paille ; et pour Susquesus, tout ce qu’il lui fallait, c’était une place suffisante pour s’étendre, fût-ce sur un roc. Un Indien aime ses aises, et il