Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/215

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louât ou achetât ; mais vous savez ce que c’est que les femmes, monsieur Littlepage ; ce que font leurs maris, il faut qu’elles s’efforcent de le trouver bien. Ma mère ne nous dit pas que son mari se met en contravention avec la loi ; mais elle répète sans cesse qu’il devrait se munir d’un écrit. Elle voudrait qu’il cherchât à en obtenir un de vous, pendant que vous êtes ici et entre ses mains. N’est-ce pas que vous le lui donneriez, monsieur Littlepage, s’il promettait de vous payer quelque chose en retour ?

— Cet écrit serait nul, parce que je n’aurais pas été libre en le signant. Tout acte qui émane de personnes qui sont, comme vous dites, entre les mains de ceux qui en profitent, n’a point de valeur.

— Tant pis, répondit Laviny avec un nouveau soupir ; non pas que je voulusse vous voir contraint à faire une chose qui ne vous plairait pas ; mais je pensais que si vous vouliez consentir à donner par écrit à mon père la jouissance de cette clairière, l’occasion est si favorable aujourd’hui que ce serait vraiment dommage de la laisser échapper. Si c’est impossible, en bien, n’en parlons plus. Mon père dit qu’il vous retiendra jusqu’à ce que les eaux soient hautes, à l’automne, et que les garçons aient eu le temps de transporter tout le bois à Albany ; après quoi, il ne tiendra pas beaucoup à vous garder plus longtemps, et il se pourra qu’il vous laisse aller.

— Me retenir jusqu’à la crue des eaux ! mais elle n’aura pas lieu avant trois mois !

— Eh bien, monsieur Littlepage, est-ce que trois mois sont si longs à passer, quand on est au milieu d’amis ? Nous vous traiterons de notre mieux, soyez-en sûr, et nous ne vous laisserons manquer de rien de ce qu’il sera en notre pouvoir de vous donner.

— En vérité, ma chère enfant, je serais désolé d’embarrasser si longtemps votre famille de ma personne. Quant aux planches, elles appartiennent aux propriétaires du sol, et je ne suis pas libre d’en disposer. Tous mes pouvoirs se bornent à vendre des parcelles de terrain.

— Voilà ce qui m’afflige, répondit Laviny avec un ton de douceur qui attestait sa sincérité ; car mon père et les garçons sont