Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/225

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CHAPITRE XXI.


N’était-elle pas tout ce que nos vœux les plus ardents pouvaient désirer ? Jamais âme eut-elle une plus grande part du ciel ? ne m’aimait-elle pas de la flamme la plus pure ? pour moi n’abandonna-t-elle pas ses amis et sa fortune ? Douce comme l’étoile du soir, elle soutint néanmoins leurs regards courroucés, sourde à leurs brutales menaces, et toujours fidèle à son serment.
Shaw.


Ursule était donc près de moi, peut-être en vue du magasin ! mais c’était par affection pour son oncle, et non par intérêt pour moi qu’elle était venue. Tout en déplorant de n’avoir été pour rien dans sa détermination, je n’en admirai pas moins le courage et la résolution qu’elle avait montrés, par dévouement pour son vieux tuteur.

— L’enfant a voulu venir, Mordaunt, je vous le répète, continua le porte-chaîne quand il eut achevé son récit, et si vous connaissiez Ursule, vous sauriez que, quand elle aime, rien ne l’arrêterait. À Bon Dieu ! quelle femme ce serait pour celui qui saurait la mériter ! À propos, voici un bout de billet que la chère fille écrit à un des fils de Mille-Acres, qui est venu souvent chez nous, quoique je fusse loin de soupçonner que son vieux scélérat de père se fût installé par ici. Zéphane, c’est son nom, travaillait dans les champs, et nous l’avons quelquefois occupé pour nous. Entre nous, mon garçon, je crois qu’il en tient un peu pour Ursule, et qu’il ne serait pas fâché de l’épouser.

— Qui, lui ? un Zéphane Mille-Acres se permettre d’aimer Ursule Malbone ! oser songer à en faire sa femme ! quelle indignité !

— Ta, ta, ta, ta… et pourquoi donc ce garçon n’aurait-il pas un cœur aussi bien qu’un autre ? parce qu’il est squatter ? cela n’empêche pas les sentiments, Mordaunt.

— Et vous dites qu’Ursule a écrit à ce jeune homme ? deman-