Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/107

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hommes politiques trahissent le pied fourchu. Ils écrivent, discourent et déclament comme si les troubles anti-rentistes naissaient seulement des baux à long terme, tandis qu’ils savent tous qu’il s’agit de toutes sortes d’obligations résultant de l’occupation de la terre, baux à vie, baux à terme, promesses et hypothèques. Mais nous voici à portée d’être entendus, et il faut reprendre notre jargon allemand.

— Guten tag, Guten tag, poursuivit-il en entrant dans la grange où Miller, deux de ses fils aînés et une couple d’ouvriers étaient au travail, repassant leurs faux et se préparant pour la fenaison ; passablement chaud, cette pelle madinée.

— Bon jour, bon jour, cria Miller vivement, et jetant sur notre, équipage un coup d’œil de curiosité. Qu’avez-vous dans votre boîte ? des essences ?

— Nein ; montres et pichoux, dit l’oncle en posant la boîte et l’ouvrant pour en faire voir le contenu. Achetez-fous une ponne montre, cette pelle madinée ?

— Sont-elles de vrai or ? demanda Miller, et toutes ces chaînes et ces bagnes est-ce de vrai or aussi ?

— Non pas frai or ; nein, nein, che ne puis dire cela. Mais c’être assez pon pour gens simples comme fous et moi.

— Ces choses ne seraient jamais assez bonnes pour les personnes de qualité de la grande maison s’écria un des laboureurs qui m’était inconnu, mais que je sus depuis se nommer Joshua Brigham, et qui parlait avec une espèce de ricanement malicieux, qui prouvait qu’il n’était pas un ami. Vous les destinez donc à de pauvres gens, je suppose ?

— Che les destine à toutes les chens qui me donnir leur archent pour, répondit mon oncle. Foulez-fous afoir une montre ?

— Certainement que je le voudrais, et une ferme aussi, si je pouvais les avoir à bon compte, répondit Brigham avec un nouveau ricanement. Combien vendez-vous les fermes aujourd’hui ?

— Che pas afoir de vermes ; che fends pichoux et montres, pas fendre vermes. Ce que ch’ai che fends, pas fendre ce que ch’ai pas.

— Oh ! vous aurez tout ce que vous voudrez si vous restez longtemps dans ce pays ! Ceci est une terre libre et une place convenable pour un homme pauvre, ou du moins cela sera, aussitôt que nous serons débarrassés des propriétaires et des aristocrates.

C’était la première fois que j’entendais de mes propres oreilles