Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/117

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parer de la société des chens comme il faut, comme ils s’emparent de leurs terres et de leurs blaces.

— Ma foi ! tout cela pourrait être vrai. Après tout, je ne sais pas pourquoi on aurait le droit de se plaindre des Littlepage.

— Est-ce qu’ils traitent pien les personnes qui les visitent ?

— Oui, sans doute ! pourvu que les gens les traitent bien, ce qui n’arrive pas toujours. J’ai vu ici des hommes de rien entrer brusquement devant la vieille madame Littlepage, placer leurs chaises devant le feu, chiquer et cracher, sans songer à ôter leurs chapeaux. Ces gens-là sont toujours très-chatouilleux sur leur propre importance, et ne se soucient guère des sentiments des autres.

Nous fûmes interrompus par un bruit de roues, et en nous retournant, nous vîmes que la voiture de ma grand’mère s’était arrêtée devant la porte de la ferme, à son retour chez elle. Miller jugea qu’il était convenable d’aller voir si on avait besoin de lui, et nous le suivions lentement, mon-oncle ayant l’intention d’offrir une montre à sa mère pour voir si elle pourrait le reconnaître sous son déguisement.


CHAPITRE X.


Voulez-vous acheter du ruban,
Ou de la dentelle pour votre manteau ?
Venez voir le colporteur ;
L’argent est un intermédiaire
Qui rapproche tous les hommes.

Contes d’hiver.


Je les voyais assises, ces quatre jeunes beautés, assemblage délicieux de regards brillants et étoilés. Il n’y avait pas chez elles un trait qui ne fût distingué et je fus frappé en pensant combien il est rare de rencontrer en Amérique une toute jeune femme qui soit positivement laide. Kitty aussi était sur la porte au moment où nous atteignions la voiture, et c’était encore une beauté fraîche, et épanouie mais il ne fallait pas l’entendre parler : son ton vulgaire, sa voix, son accent, formaient un contraste frappant avec les attraits et la vigoureuse délicatesse de sa