Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/227

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fit pas plus d’effet sur eux tous que si c’eût été un wigwam ; moins encore, car les Indiens sont amateurs de beaux wigwams. Ce qui les occupe actuellement, c’est qu’ils savent être sur un point où s’est livre une bataille, il y d’environ quatre-vingt-dix ans, dans laquelle figurait l’intègre Onondago, aussi bien que quelques hommes de leur tribu ; c’est ce qui les tient en émoi.

— Et pourquoi Cœur-de-Pierre parle-t-il avec tant d’énergie à ceux qui l’environnent ? Pourquoi montre-t-il la vallée et la colline, et le ravin là-bas qui est au delà du wigwam de Susquesus ?

— Ah ! c’est donc là le wigwam de l’intègre Onondago, s’écria l’interprète avec intérêt. Eh bien ! c’est quelque chose que de voir cela, quoique ce sera mieux de voir l’homme lui-même car toutes les tribus des prairies supérieures sont pleines de son nom. Aucun Indien, depuis le temps de Tamenund lui-même, n’a autant occupé la renommée que Susquesus, l’intègre Onondago, si ce n’est peut-être Técumthe. Mais en ce moment Cœur-de-Pierre raconte la bataille dans laquelle le père de son grand-père a perdu la vie ; quoiqu’il n’ait pas perdu sa chevelure. Il a, leur dit-il, évité cette disgrâce, ce qui est un sujet de joie pour son descendant. Un Indien se soucie fort peu d’être tué, pourvu qu’il évite d’Être scalpé. Maintenant, il parle de quelque jeune face pâle qui a été tué, et qu’il appelle Ami de la Joie, et maintenant il s’occupe de quelque nègre qui se battait comme un diable.

— Toutes ces personnes sont connues de nous aussi par nos traditions, s’écria mon oncle, avec plus d’émotion que je ne lui en avais vu témoigner depuis longtemps. Mais je suis surpris de voir que les Indiens conservent si longtemps un souvenir tellement exact d’affaires si peu importantes.

— Ce n’est pas si peu important pour eux. Leurs batailles sont rarement sur une grande échelle, et ils tiennent grand compte de toute escarmouche où sont tombés quelques guerriers distingués.

Ici Mille-Langues s’arrêta et écouta attentivement la conférence des chefs, puis il reprit :

— Ils sont très-embarrassés par rapport à la maison, tandis que tout le reste s’explique, la colline, la portion des bâtiments eux-mêmes, le ravin, enfin tout, excepté la maison.

— Mais qu’est-ce qui les embarrasse ? Est-ce que la maison n’occupe pas l’endroit désigné ?

— C’est justement là la difficulté. Elle occupé précisément l’en-