Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/295

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peuple, quoique composé d’hommes réunis par l’intrigue et égarés par le mensonge ; il ne me cause ni respect ni crainte, et comme je ne le considère qu’avec mépris, je le traiterai avec mépris, chaque fois que je le rencontrerai sur ma route.

— J’ai donc à dire au peuple de Ravensnest, Monsieur, que vous le considérez avec mépris.

— Je ne vous autorise à rien dire de ma part au peuple de Ravensnest ; car je ne sais si le peuple de Ravensnest vous a donné aucune mission. Si vous voulez me demander respectueusement, comme sollicitant une faveur plutôt que réclamant un droit, de lire le contenu du papier que vous tenez à la main, je serais disposé à vous écouter. Ce que je n’admets pas, c’est qu’une poignée d’hommes se réunisse, se donne le nom de peuple, prétende ainsi à l’autorité, et s’arroge le droit d’imposer ses motions aux autres.

Les trois délégués firent quelques pas en arrière, et se consultèrent ensemble pendant deux ou trois minutes. Pendant qu’ils étaient ainsi occupés, j’entendis la douce voix de Mary Warren, qui me disait tout bas : — Prenez leurs motions, monsieur Littlepage, et débarrassez-vous d’eux. Je ne doute pas qu’elles ne contiennent une foule d’absurdités mais tout sera fini en prenant le papier.

Ceci était un conseil de femme, prompte à la concession, quand ses craintes sont éveillées ; mais je me vis épargner la douleur de repousser sa demande, par le changement de ton du trio qui s’avança de nouveau vers nous.

— Monsieur Hughes Roger Littlepage, junior, dit Bunce d’une voix solennelle, comme s’il faisait une sommation légale de la plus haute importance, je vous demande maintenant, de la manière la plus respectueuse, si vous consentez à recevoir ce papier. Il contient certaines résolutions prises avec une grande unanimité par le peuple de Ravensnest, et qui ne sont pas sans intérêt pour vous. Je suis chargé de vous demander respectueusement si vous voulez accepter cette copie desdites résolutions.

Je coupai court aux paroles de l’orateur en recevant le papier qui m’était offert, et il me sembla que les trois dignes ambassadeurs en étaient tant soit peu contrariés. Cela donna une nouvelle tournure à mes idées, et s’ils eussent alors redemandé la copie de leurs résolutions, je ne l’aurais certainement pas rendue. Je crois que pendant un moment, Bunce voulut tenter l’expérience. Lui et ses compagnons eussent été enchantés de pouvoir crier à travers