Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est nègre et l’homme blanc est blanc. Je m’attends maintenant que la pauvreté et les disgrâces vont tomber sur mes enfants. Nous avons toujours été nègres d’un bon gentilhomme, pourquoi ne pas nous laisser nègres tant que nous voulons ? Le vieux Sus a eu liberté toute sa vie, et quel bien cela lui a-t-il fait ? Ce n’est rien qu’un pauvre sauvage rouge, pour tout ça, et ne peut être rien de plus. S’il pouvait être le sauvage d’un gentilhomme, ce serait quelque chose. Mais non, trop fier pour cela. Aussi il n’est rien que son propre sauvage.

L’Onondago était en grand costume, beaucoup plus brillant même que la première fois qu’il reçut les Indiens de la prairie. La peinture dont il s’était orné donnait un nouveau feu à ses yeux que l’âge avait certainement obscurcis, quoiqu’ils n’eussent pas éteint leur éclat ; et quelque sauvage que fût sa toilette, elle dissimulait avec avantage les ravages du temps. Que le rouge soit la couleur favorite des Peaux-Rouges, c’est peut-être aussi naturel que de voir nos dames se servir de cosmétiques qui imitent les lis et les roses qui leur manquent. L’Onondago, cependant, visait surtout à se donner un aspect terrible ; son but étant pour le moment de paraître devant ses hôtes avec tous les attributs du guerrier. Il est inutile de décrire en détail les médailles et le wampum et les plumes et le manteau et les mocassins ornés de pointes de porc-épic, teints de diverses couleurs, et le tomahawk poli jusqu’à imiter l’argent. On a tant dit, tant écrit, tant vu depuis quelque temps, à ce sujet, que tout le monde sait aujourd’hui comment apparaît le guerrier américain, lorsqu’il se montre dans son appareil.

Jaaf n’avait rien négligé non plus pour faire honneur à la fête qui était un hommage particulier rendu à son ami. Son costume était ce qu’on peut appeler de la vieille école du nègre. L’habit était écarlate avec des boutons de nacre de la largeur d’un demi-dollar ; les culottes bleu de ciel ; le gilet vert ; les bas rayés de bleu et blanc, et les jambes ne présentant aucune particularité, si ce n’est que ce qui restait des mollets s’était logé sur le tibia, et que la partie postérieure du pied semblait de moitié plus longue que la partie attachée aux orteils. Les souliers, par exemple, étaient une des parties les plus remarquables du vêtement, ayant une longueur, une largeur et des proportions qui auraient justifié un naturaliste dans la supposition qu’ils n’avaient jamais été destinés