Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/330

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de position, et à se transporter sous le portique. Ce qui fut promptement fait ; et les deux vieillards étaient tranquillement remis dans leurs sièges avant qu’un seul des Peaux-Rouges eût fait un mouvement. Ils se tenaient là tous immobiles comme des statues, si ce n’est que Cœur-de-Pierre semblait reconnaître des yeux le taillis qui bordait le ravin, et qui formait, ainsi que nous l’avons dit, un couvert épais d’une étendue assez considérable.

— Désirez-vous que les Peaux-Rouges entrent dans la maison, colonel ? dit l’interprète avec calme ; si cela est, il est temps de parler, autrement ils seront bientôt dispersés sous ce couvert comme une volée de pigeons. Alors il y aurait certainement un combat, car il n’y a pas à plaisanter avec ces hommes ni à faire des grimaces ; ainsi il vaut mieux parler à temps.

Mon oncle profita aussitôt de l’avis, et pria les chefs de suivre l’intègre Onondago. Ce mouvement se fit avec le calme le plus régulier ; et, ce qui nous surprit surtout, c’est que pas un des chefs ne parut faire la moindre attention aux ennemis qui s’avançaient, ou au moins à ceux qu’ils devaient considérer comme tels. Nous attribuâmes cette réserve extraordinaire à leur force de caractère, et au désir de conserver en présence de Susquesus une tenue pleine de dignité.

Les Indgiens se présentaient sur la pelouse au moment où nos dispositions étaient terminées. John était venu nous annoncer que toutes les fenêtres et les portes étaient fortement barricadées ; il nous apprit aussi que les jardiniers journaliers et palefreniers, au nombre de cinq ou six, étaient dans le petit passage, bien armés ; on y avait aussi déposé des fusils pour nous. Enfin, les préparatifs qui avaient été faits par ma grand’mère immédiatement après son arrivée, se trouvaient maintenant d’une grande utilité, et nous mettaient en mesure de faire une formidable résistance, surtout avec l’aide des hommes rouges des prairies.

Nos arrangements étaient très-simples. Les dames étaient assises près de la grande porte, afin de pouvoir se mettre les premières à couvert, en cas de nécessité ; près de ce groupe étaient sur leurs sièges Susquesus et Jaaf, et les hommes de l’occident occupaient l’extrémité opposée du portique ; Mille-Langues se tenait entre les deux divisions de notre compagnie, prêt à servir d’interprète à l’une ou à l’autre tandis que mon oncle et moi, avec deux ou trois des autres domestiques, nous prîmes position derrière nos