Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/337

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— Roi Littlepage, cria l’un des masques, qu’est devenu votre trône ? La maison de réunion de Saint-André a perdu le trône de son monarque !

— Ses porcs sont devenus maintenant de grands aristocrates, bientôt ils voudront devenir des patrons.

— Hughes Littlepage, sois un homme, descends au niveau de tes concitoyens, et ne te crois pas meilleur que les autres ; tu n’es, après tout, que de la chair et du sang.

— Pourquoi ne nous invites-tu pas à dîner avec toi aussi bien que le prêtre Warren ? je puis manger aussi bien et autant qu’aucun homme du comté.

— Oui, et il peut boire aussi, Hughes Littlepage ; ainsi prépare tes meilleurs liquides pour le jour où il sera invité.

Tout cela passait pour de l’esprit parmi les Indgiens, et parmi cette portion des vertueux et honnêtes travailleurs qui non-seulement les mettaient sur pied, mais encore en cette occasion leur tenaient compagnie ; car il fut démontré depuis que la moitié de la bande se composait des tenanciers de Ravensnest. Je tâchai de conserver mon sang-froid, et je réussis, assez bien, considérant les provocations qui m’étaient faites. Des arguments avec de tels hommes étaient inutiles, et connaissant leur nombre et leur supériorité physique, ils ne tenaient guère compte de mes droits légaux. Cependant ne voulant pas être battu sur le pas de ma porte, je résolus de dire encore quelque chose avant de reprendre ma place. Des hommes comme ceux qui étaient devant moi ne peuvent jamais comprendre que le silence est un signe de mépris, et je pensai qu’il valait mieux faire quelque réponse aux apostrophes que j’ai rapportées, et à vingt autres de même calibre. Sur un signe que je fis, j’obtins encore le silence.

— Je vous ai ordonné, repris-je, en ma qualité de propriétaire, d’évacuer cette pelouse, et en restant vous violez la loi. Quant à ce que vous avez fait relativement au dais, je vous en remercierais si ce n’était pas un acte de violence ; car mon intention était de l’enlever aussitôt que vous auriez fait taire vos menaces. Je suis aussi opposé qu’aucun de vous à toutes distinctions dans la maison de Dieu, et je ne les demande ni pour moi ni pour aucun des miens. Je ne demande rien que d’avoir des droits égaux à ceux de mes concitoyens ; je demande que ma propriété soit autant protégée que les leurs, mais pas davantage. Je ne conçois pas néanmoins