Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/352

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faillible que les individus démocrates, est d’avoir rendu éfectifs les officiers de la milice et les shérifs des comtés. Il en résulte que la milice est devenue une véritable farce, et que l’exécution des lois dans chaque comté dépend de la disposition où se trouve le comté de s’y soumettre ou non. C’est un excellent arrangement, par exemple, pour le débiteur résident, dans le cas où les créanciers sont absents ; mais tout cela n’est pas de grande importance, puisque les théories en vogue sur les lois et les gouvernements sont actuellement de nature à rendre tout à fait inutiles les lois et les gouvernements. Des restrictions d’une nature quelconque sont injurieuses quand on les impose à la perfection !

Au moment où la collision était menaçante, et où les dames étaient rentrées, j’avais conduit dans la bibliothèque Sénèque et son complice ; il ne me semblait pas loyal de laisser des prisonniers exposés au danger. De retour immédiatement sous le portique, je restai témoin de tout ce qui se passa.

Ainsi que je l’ai dit, le shérif était connu pour être opposé au mouvement anti-rentiste, et personne ne supposant qu’il se présentât sans être appuyé, les Indgiens reculèrent, évitant ainsi le danger d’une collision immédiate. J’appris même depuis que quelques-uns d’entre eux, après le discours de Vol-d’Aigle, furent réellement honteux de voir qu’un Peau-Rouge eût un plus vif sentiment de la justice que les hommes blancs.

L’apparition inattendue de Dunning produisit son effet ; car ceux qui étaient derrière le rideau croyaient difficilement que cet agent détesté osât se montrer à Ravensnest sans être suffisamment appuyé. Ceux qui pensaient ainsi, néanmoins, ne connaissaient pas Jack Dunning. Il ne se souciait pas, il est vrai, d’être goudronné et emplumé mais quand il devenait nécessaire de s’exposer, personne ne le faisait avec plus de courage. Voici l’explication de son arrivée soudaine.

Inquiet de notre départ pour Ravensnest, ce digne ami, après un jour ou deux d’attente, résolut de nous suivre. En atteignant le comté, il avait appris l’incendie de la grange, la tentative faite sur la maison ; et, sans plus tarder, il était allé chercher le shérif. Comme son principal but était de mettre promptement les dames à l’abri du danger, il n’avait pas attendu les sommations légales mais louant une douzaine d’hommes déterminés, il les fit armer, et se mit en route avec eux. À un mille ou deux de la maison, le